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L'humain
est un oignon
Nous apprivoiser a notre maturité a
tiroirs
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Un jour je m'aperçus avec effroi
que j'étais devenu une grande personne (...),
je ne pouvais plus continuer cette absurde comédie.
Il était temps de me convertir a l'enfance avant que ma vitalité ne me lâche
tout a fait.
Alexandre Jardin, Le Petit Sauvage
Ne fais pas ça, tu n'es plus un enfant !...
Beaucoup de gens sont vieux avant d'etre âgés, collectionnent les raideurs avant le temps. Interrogez-les sur leur
vision de ce qui fait un adulte. Je parie ma chemise qu'ils en parleront comme
le fait d'avoir dépassé ça , en parlant de l'enfance. Et etre enfant, alors ? c'est quelque
chose comme un en-attendant-d'adulte. Tiens-toi comme un grand !... . :
est-ce
que nous avons si bien réussi a inculquer ça a nos rejetons, qu'a huit ans ils
ne veulent plus qu'on les appelle des enfants, ni a 15 des ados ?Je crois que
nous avons laissé échapper
une sorte de magie de l'aventure humaine. Pour moi, un pan de la vie s'est
éclairé quand je me suis mis a imaginer la vie comme
un oignon, et nos âges comme autant de pelures qui se sont rajoutées avec le
temps. Quand nous sommes passé du bébé a l'enfant puis a l'adolescent, ensuite a
l'adulte et au vieillard, nous n'avons pas fabriqué une nouvelle peau a la
maniere du serpent qui se défait de l'ancienne : l'humain est beaucoup plus
complexe que ça.
Plutôt, nous avons vécu
― du mieux que nous
pouvions, bien sur ― la maturation de chaque âge. L'enfance a
un type de maturité qui lui appartient et que l'âge adulte n'aura jamais,
car son rôle est maintenant de développer autre chose. En devenant
adulte, nous n'avons pas cessé d'etre enfant. Nous avons pu le renier, c'est
vrai, craignant de passer pour immature : si j'ai des traces d'enfant,
c'est que je ne suis pas encore assez adulte... Notre enfant est
pourtant toujours la, bien vivant, avec sa maturité d'enfant, et a encore
besoin d'etre nourri et cajolé. Et meme qu'il crie a la porte de ma vie
d'adulte si je ne le reconnais pas, si je ne le respecte pas dans ses besoins.
Longtemps plus tard, j'ai trouvé une
confirmation de cette façon de voir dans les propos du célebre psychanalyste Carl
Jung ** : Il y a
dans l'adulte un enfant, un enfant éternel toujours en état de devenir, jamais
terminé, qui aurait constamment besoin de soins, d'attention et d'éducation.
C'est cette partie de la personnalité qui voudrait se développer en entier,
or, l'homme de notre temps est a une distance astronomique de cette totalité.
Notre croissance, un jardin J'aime aussi comparer notre
développement a un potager. Notre vie m'apparaît comme l'accumulation de nos
pas de maturation :
certains pas sont arrivés a la fleur, d'autres sont restés en graine. Si on me
demandait quelle image je me fais d'une personne pleinement réalisée
― mon idéal de vie, en fait ― je dirais que je
souhaite devenir pleinement nourrisson a faire confiance, pleinement enfant
a jouer, tout a fait adolescent a repousser les limites ou ce qui ne me
ressemble pas,
completement adulte a assumer ce qui m'arrive... et pleinement vieillard
a pardonner.
Le fait de relire la vie comme ça aujourd'hui m'ouvre
des perspectives pour comprendre mieux ce qui m'arrive, ou pour découvrir a
neuf des enseignements
de sagesse que je n'avais pas décodés a leur juste valeur. Par exemple
quand le Christ disait Cherchez a devenir comme les enfants, mais ne
leur demandez pas d'etre comme vous , ou encore
Celui qui n'accepte pas le Royaume de Dieu comme un enfant ne pourra
jamais y entrer , je
pense que c'est ce qu'il voulait dire. Ainsi, je constate a quel point j'ai
besoin d'émerveillement tout en étant adulte. Par la entre autres, des
blessures de mon enfance mal cicatrisées peuvent encore se guérir
aujourd'hui, sans pour autant m'empecher de remplir mes responsabilités
d'adulte.
C'est ainsi que je peux réparer
une voiture ou gérer des milliers de dollars a mon travail, puis le soir
venu m'asseoir par terre avec un tout-petit. Car l'enfant qui m'habite le reconnaît
et peut le comprendre. A l'inverse, cet enfant en chair et en os devant moi me
permet de faire danser encore mon enfant intérieur : son cou était en train
de s'ankyloser sous ma cravate d'adulte ! Et quelle libération, dans ma vie
de couple, de pouvoir me permettre d'etre tantôt l'amant de ma conjointe,
mais tantôt aussi son enfant, puis son parent ― et d'accueillir
de sa part la meme chose, a son heure.
Une sorte de rendez-vous...
Supposons que vous ayez été tres fort blessé dans votre vie émotive a
l'âge de 6 ans. Aujourd'hui vous croisez sur la rue un enfant du meme âge.
Accordez-y un peu d'attention. Peut-etre aurez-vous envie de tourner la tete
et de l'observer; dans une fete amicale, c'est de lui que vous serez attiré a
vous rapprocher... et peut-etre sera-t-il tres sensible a votre présence, lui
aussi. C'est bien possible qu'il vienne réveiller une soif encore mal
étanchée, vécue a son âge ou a peu pres : soif d'etre reconnu, de prendre plus
de place,... peu importe. Chose certaine, ce n'est pas pour rien qu'il attire
votre attention. Je vous en parle parce que c'est ce que j'ai vécu moi-meme,
de façon bouleversante d'ailleurs.
Oui, je crois décidément qu'a
toutes nos étapes de vie, le nourrisson, l'enfant... sont toujours en nous et continuent de
demander leur place au soleil, continuent de digérer leur expérience et de se guérir.
Une magie de la vie qui se continue aujourd'hui et qui nous sera offerte demain
encore, sans cesse.
A chaque jour je refais l'épicerie du
bonheur. Voyons un peu quelles provisions je pourrais
prendre aussi pour mon enfant intérieur...
Christophe Élie
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Connaissez-vous le livre réputé de
John Bradshaw :
Retrouver
l'enfant en soi ?
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L'ALLUMEUR
DE RÉVERBERES
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