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Hé
! la ligne est restée ouverte.
Témoignage autour d'une rupture de couple
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Il faudra bien toute une vie
Pour te prouver un seul 'je t'aime'
Le tout premier que je t'ai dit
Les autres sont toujours le meme
Georges Dor, Mon amour a n'en plus finir
J'aimerais vous partager le témoignage que me
confiait récemment Réal, un ami dont je me sens tres proche :
- Mon ex-conjointe est venue a la maison,
me raconte-t-il,
et m'a dit sur un ton de
bonne nouvelle qu'un de nos
enfants lui avait appris mes fiançailles prochaines. J'ai vraiment senti
qu'elle était contente pour moi.
Elle avait encore son manteau sur le dos, le moteur de son auto tournait.
Mais j'ai eu quand meme envie de lui partager tout de
suite un constat qui m'avait rempli d'aise, et qui la concerne. J'ai surmonté
ma gene et je lui ai dit : Tu sais,
depuis que je sors avec Ariane, j'ai réalisé comme je t'aime toujours... et que ça
ne m'empeche pas de l'aimer, elle. J'ai comparé ça aux
ondes radio, lui disant que je voyais ça comme deux longueurs d'ondes
différentes. Et qu'il n'était pas question pour moi de les comparer une et
l'autre, qu'a mes yeux chacune d'elles était unique.
Il a conclu, avec des yeux vifs et un ton admiratif, comme
s'il avançait en terrain sacré, sur la pointe des mots :
- ...Depuis
le moment ou j'ai réalisé ça, je
n'ai plus de doute : si l'amour
a existé entre deux etres, il ne s'arretera jamais. Je crois décidément
que la vie ne retourne
pas en arriere.
Je
savais pourtant qu'il avait beaucoup souffert de sa séparation.
Il a ajouté que cette intuition, en fait il croyait l'avoir toujours
eue confusément, mais que la, il avait l'occasion de la toucher du doigt.
- Qu'est-ce
que ça change pour toi de te dire ça ?. lui ai-je demandé.
- Hum, beaucoup de choses... Par exemple, depuis notre séparation, je me suis toujours fait un point d'honneur de respecter mon
ex-conjointe. Je suppose que les gens l'ont senti quand il m'est arrivé
de leur parler d'elle. Il m'arrive de voir qu'elle n'a pas réagi comme je l'aurais
fait avec un ou l'autre de nos enfants, et ça, je trouve ça difficile... Dans ces moments-la, j'essaie de prendre un instant pour regarder les choses
avec ses lunettes, en plus des miennes.
Fait-elle pareil face a moi ?... j'ai
décidé par avance de lui faire confiance. Je vois que j'ai
eu raison de
prendre ce risque : de temps en temps de
tout petits événements viennent me le confirmer.
- Vos enfants, eux, le sentent-ils
?. lui ai-je demandé.
- Ah oui, j'en suis convaincu. Des
fois, j'ai l'impression que les ondes entre nous leur ont dit nos sentiments bien mieux que
nos paroles. Et je n'ai jamais hésité a leur dire que j'admire toujours leur
mere, que ça n'allait pas
changer.
Je me suis meme
demandé, d'ailleurs, si ça n'avait pas joué dans l'attitude de mes
enfants face a mon amie : Ariane est devenue leur amie aussi, a quel point, j'en reste
étonné.
Ils ressentent,
j'en suis convaincu, que ma nouvelle relation ne veut pas dire que j'échange
leur mere pour quelqu'un d'autre, simplement que je continue de vivre, de
répondre a mes besoins. Je suppose qu'alors ils n'ont pas le
sentiment de devoir garder leurs distances avec mon amie pour se
prouver qu'ils aiment leur mere, ou lui prouver a elle : ils ne
sentent pas que nous leur demandons de choisir entre l'une ou l'autre.
Et ça va plus loin,
je le découvre : cette expérience devient aussi la leur, ils apprennent a
leur tour que l'amour qu'on porte aux personnes ne coincide pas toujours
avec les chemins de vie qu'on prend - du moins pour un temps. Comme
si l'amour
était plus grand que ça, qu'il ne se laissait pas enfermer dans nos
catégories étriquées. Comme s'il débordait de la seule petite fenetre que
nous avons aujourd'hui pour juger de ce qui nous arrive. Mes enfants aussi apprennent a croire que l'amour n'aura jamais
dit son
dernier mot... - et ça,
ça me récompense d'avoir tenu bon au milieu de notre secousse sismique. Je
me dis que rien n'est décidément perdu...
- Arrives-tu a etre conséquent
avec cette vision-la, au jour le jour ?.
- Bonne question... Je
pense que oui, de façon générale. J'ai quelque chose qui me le confirme,
s'il m'arrivait d'en douter. Tu
sais, quand j'étais petit et que j'avais mal, mon pere me tapait sur
l'épaule et me chuchotait : envoye don' ça de l'autr' bord de
la vie, ça servira b'en a quelqu'un ... Eh
bien ça m'est resté, l'idée que d'une souffrance on peut libérer une
énergie utile a quelqu'un d'autre, quelque part. Quand j'entrais en tristesse,
tu sais, dans un de ces moments ou tu ressens l'éclatement de ta famille, le désarroi de tes enfants, le manque de les voir
autant que tu voudrais..., spontanément je virais cette énergie-la de
sens, je dirais, et je lui envoyais intérieurement.
Eh bien, ça m'a surpris moi-meme a chaque fois : tout de suite je me sentais
différent, en particulier fier de moi. Tu m'amenes a réaliser, d'ailleurs, que c'est une des
choses
qui m'ont le plus aidé a me tenir debout apres notre séparation.
- J'ai vu une photo d'elle sur un
mur, en venant chez toi. J'ai un peu sursauté.
- C'est vrai. Ça a rapport aussi
a ce que je t'ai raconté. Un bon matin j'ai fouillé dans nos albums de
famille, j'ai cherché une photo d'elle, qui dirait la tendresse ou la complicité
qu'on a tant de fois éprouvée l'un pour l'autre. Si c'est vrai que
je l'aime toujours, me
suis-je demandé, de quoi est-ce que je serais gené ?...
Christophe Élie
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