Fonctionner a partir de criteres comme � c'est bien �, � c'est mal � représente un des grands pieges dans notre conquete de la responsabilité. Trop souvent, c'est le meilleur chemin pour créer la séparation entre soi et les autres, d'ou la concurrence, le jugement, puis finalement l'amertume. A la racine, c'est une façon idéale d'entretenir une peur de Dieu, puisqu'on Le considere comme le Juge aux aguets, attentif a nous prendre en défaut.

Si nous choisissons d'installer en nous la croyance que chacun -  nous y compris !  -  est un etre magnifique par nature, naturellement orienté au bien tel qu'il le connaît, et ouvert a changer s'il se sent aimé pour le faire, nous ouvrons la porte a plus de tolérance et plus de pardon a notre propre égard, puis a l'égard des autres. Vivre devient plus oxygéné, plus léger. 

Car nous passons peu a peu du principe bien-mal au principe efficace-non efficace. Non seulement nous permettons davantage et jugeons moins, mais nous donnons le droit aux autres et a nous-meme de changer. En effet, dans la logique du bien et du mal, reconnaître que nous nous sommes trompé est genant. Ça veut dire que nous avons eu tort jusqu'a aujourd'hui : dur pour l'estime de soi ! C'est pourquoi nous nous crispons sur des consignes du passé ou entretenues par nos institutions religieuses, notre entourage. 

Dans la logique de l'efficacité, nous appliquons cette vision que changer ne signifie pas nous confesser d'une faiblesse, mais c'est simplement manifester une ouverture a évoluer  -  ce qui est la marque meme de la vie. Nous passons d'un etre possiblement en défaut a un etre surement en apprentissage. Nous mettons moins d'énergie a censurer et condamner; elle devient disponible pour apprendre et savourer.

Allons-nous devenir moins responsable, a-moral ? Surtout pas ! Au contraire, meme : nous délaissons peu a peu une morale infantilisante, faite de credos et de dogmes extérieurs a nous, pour prendre notre vie en main au fil d'une expérimentation patiente, jamais achevée. Nous découvrons que notre responsabilité est, pour beaucoup, de nous mettre a l'écoute de notre petite voix intérieure, et de la suivre sans tricher. Notre morale quitte la peur pour s'enraciner dans des valeurs fortes auxquelles nous croyons de tout notre etre.

Prenons garde toutefois d'une tentation triomphaliste, celle de nier tout d'un coup la valeur des héritages que nous avons reçus. Il ne s'agit pas de les renier, mais de les élargir, de conserver leur intuition et de l'accomplir sur mesure avec qui nous sommes et notre contexte d'aujourd'hui. La liberté est peut-etre le plus grand cadeau de notre nature humaine. Elle fait de chacun de nous un chercheur dans un laboratoire. 

� Fais toutes les erreurs que tu voudras, avait dit un pere a son fils, simplement essaie de ne pas refaire la meme deux fois. � 

Christophe Élie

Quelques références :
     - Neale Donald Walsch **, dans un livre décapant, apporte une perspective regénérante sur cette question.
     - Eileen Caddy nous a laissé une capsule charmante sur ce sujet, au panorama Ouvrir des FAIT-NAÎTRE.

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