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Bonheur et spiritualité : quel rapport ?
Monter d'un niveau pour
reprendre confiance
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Ce qui me rend heureux...
Je vois le
bonheur comme un gâteau savoureux, avec plusieurs couches de pâte et de glaçage
: des pics de plaisir, avec des échappées d'exultations par moments. Une
couche d'équilibre, d'adaptation entre mes reves et mes réalités. Une
couche de joie et de paix intérieure, souvent faite avec la fierté de
moi-meme et la tendresse de mes relations avec les personnes. Puis une
couche de sens et de communion avec des forces cosmiques qui me
dépassent. En fait, comme un mélange de millions de petites saveurs dégustées dans
l'instant, une a une, aussi de quelques gouts tenaces qui me restent au fond du palais
pour longtemps. Et je ne distingue plus bien, par moments, quand c'est que je
déguste et quand c'est que j'ai soif de déguster. Les deux sont
importants pour mon bonheur.
Vient un moment ou le bonheur plafonne, si...
Toutes ces
sortes de bonheurs ont une chose en commun : ce sont des expériences
subjectives, elles sont faites du sens que moi j'accorde a un événement qui
fait irruption dans ma conscience de l'instant, peu importe qu'il se passe hier,
aujourd'hui ou demain. Et si j'en suis heureux, c'est qu'il m'est
agréable ou pour le moins bénéfique. Mais comment faire pour rester
heureux lorsque nos événements ne sont ni
agréables ni perçus comme bénéfiques a nos yeux ?
La seule
réponse que je connaisse est de faire comme le pilote d'un avion coincé dans
un nuage épais : il grimpe plus haut, pour voir apparaître le soleil a
nouveau. Grimper plus haut ou plonger plus creux : ça
produit le meme effet. Ma perspective change, et du coup mon interprétation
de l'événement, auquel je donne une chance de finir par etre plus bénéfique
qu'il en avait l'air, ou bien pour moi ou bien pour quelqu'un que j'aime.
Alors il refait soleil en moi...
C'est ainsi qu'en prenant
du recul pour nommer ce qui m'a rendu heureux jusqu'ici, je me rends compte a quel point mes bonheurs les plus tenaces,
mes reprises de bonheur les plus belles, ont toujours eu un pied dans la
spiritualité. Quand je partage des réflexions avec les lecteurs du site
Grandir, j'ai toujours une grande pudeur a aborder ce terrain, au nom de
leur liberté et de la diversité des chemins qu'on peut prendre. Mais
quelque chose en moi me dit que je plafonne, que je m'arrete a mi-chemin
de ma vérité, si je ne vais pas jusqu'a nommer l'expérience du divin
dans ma recherche du bonheur. Voici quelques aspects ou la spiritualité
m'est apparue inséparable de ce qui m'a rendu le plus heureux.
Ma confiance dans le futur
Un besoin
devenu évident pour moi est celui de pouvoir faire confiance a l'avenir.
Ça affecte ma paix intérieure aujourd'hui, meme si ça concerne demain.
J'ai besoin de croire que je serai toujours en sécurité profonde, peu
importe comment va tourner mon aventure dans la vie. Ou trouver pareille
conviction, sinon dans le pari que la Source de la vie m'aime et prendra
soin de moi toujours, meme si par périodes ça n'en a pas l'air. J'ai
pourtant autour de moi le spectacle de gens qui finissent leur vie
dans la solitude, de populations entieres dans le Sud dont la
vie est bouleversée par la pauvreté, la guerre, un tsunami...
c'est vrai. Ce sont la des épisodes que vivent des millions d'etres humains,
et peut-etre ça sera mon tour demain. Mais
ils ne disent pas toute l'histoire d'un etre humain. J'ai décidé de croire que mon
aventure dans l'Univers ira pas mal plus loin que l'étape actuelle ou
je m'appelle Christophe, meme si je ne connais ni les lieux ni les
formes que ça prendra. Et ça aussi fait partie de mon bonheur
d'aujourd'hui, surtout quand les temps sont durs. Cette croyance m'aide a refuser de m'inquiéter
sur la suite de ma vie, et a revenir la jouer aujourd'hui, comme un
enfant rassuré de savoir que ses ses parents ne sont pas loin, qu'ils
s'occuperont bien de ce qui viendra.
Choisir,
aujourd'hui
Mes
décisions importantes sont sont étroitement liées a mon bonheur, car je
constate qu'elles ont été jusqu'ici a la source tantôt de grande paix,
et tantôt de grand stress. J'éprouve le besoin de balises sures pour orienter ma vie,
aussi pour accompagner
au mieux ceux qui dépendent de moi. A certaines étapes cruciales de ma
vie, j'ai eu l'occasion de recevoir des confirmations lumineuses sur la
valeur des choix que j'étais en train de faire, et ça, d'une façon si inattendue en meme
temps que si adaptée a la situation, que je n'ai pas eu de mal a les considérer
comme des clins d'oeil venus de la Vie. Elles m'ont amené a croire que le
hasard n'existe pas, et que la promesse évangélique Je suis avec
vous toujours mérite que je la prenne au sérieux.
Cette
phrase, lorsque je me la répete, m'aide a miser sur l'intuition et a
attendre l'évidence des réponses, au lieu de tout fabriquer avec ma tete
et de m'obliger a faire comme si tout allait dépendre de moi seul. Si
c'est vrai que je peux compter sur des forces qui me dépassent, il est
grand temps que je mise davantage sur le silence, sur l'écoute
intérieure. Grand temps que je m'exerce a décoder ce que plusieurs
événements douloureux ont en commun, pour les prendre comme une sorte de
haut-parleur, ou comme ces kerns inuits qui attirent l'attention sur un
sentier caché par les broussailles. Je deviens plus convaincu que le
bonheur n'est pas tant quelque chose qui se fabrique que quelque chose
qui se reçoit de la Vie, qu'il faut développer nos oreilles plus que nos
méninges, car la Vie chuchote tres bas, souvent...
Mon droit au bonheur
depuis toujours
Une
troisieme besoin que je vois avec plus d'évidence maintenant, c'est de
me donner la permission profonde d'etre heureux. Si souvent les plus belles clefs que
j'aie pu trouver ont tourné a moitié dans la serrure
parce qu'au fond de mon sac a dos je traînais un sentiment confus a
propos du
bonheur, qu'il n'était pas pour moi autant que pour les autres, ou alors que je n'en faisais jamais assez
pour le mériter. Et j'ai toujours a réagir quand ce sentiment subtil
refait surface, au moment ou je m'y attends le moins, avec l'envie
d'accuser ceux qui n'ont pas su m'apprendre a m'en donner le droit. Ou trouver ailleurs
la clef passe-partout que j'ai tant cherchée, sinon dans la spiritualité
? Dans le
pari qu'a la source de tout il y un Créateur qui ne m'aurait pas donné la vie
si ça n'avait pas été pour
me rendre heureux, un cadeau donné surement sans
condition, sans que j'aie a le mériter ?...
Pareille vision
m'aide puissamment aux heures ou j'ai tendance a forcer la main du
bonheur, tantôt en ne me permettant pas assez, tantôt en m'obligeant
trop. Si je trouvais le bonheur a ce point non négociable, je me l'offrirais plus
spontanément, sans vouloir l'arracher a d'autres ni le queter, sans
chercher a forcer un quelconque destin. Quand j'arrive
a m'en faire cadeau a mon tour, quelque chose se
détend en moi, une énergie redevient disponible. Ou pourrais-je trouver pareil réconfort, sinon sur le terrain
spirituel ?
Des valeurs sur lesquelles je peux mettre un visage
Je
constate aussi qu'une partie de mon bonheur a rapport a maîtriser
quelques valeurs fortes, par exemple la vérité, le partage, le pardon ou la
fidélité. Cette attirance est décuplée quand je peux mettre un visage, un nom
dessus, repérer de gens que j'ai vu
les vivre. Il y a eu mes parents, quelques personnes clef de mon entourage
ou quelques grands sages de l'humanité. Et parmi ces derniers, mon
parcours m'a fait connaître davantage l'Homme de Galilée, Jésus. Cet
homme a galvanisé en moi le désir de faire quelque chose de beau avec ma
vie, de prendre de telles valeurs comme piliers. Non seulement il m'a
inspiré, mais la perspective de pouvoir vivre une amitié intérieure
avec lui, a largement contribué a me faire tenir bon. Il ne s'agit plus
d'une morale que je me fais, mais la aussi d'un trousseau de clefs a ma
disposition.
Derriere tout, le sens
Vous remarquerez, comme moi apres coup, un certain
rapport du bonheur avec le temps : se pourrait-il qu'etre heureux, pour
une large part, soit le fait d'etre en paix avec notre passé aussi bien
qu'avec notre avenir, pour etre completement disponible a savourer notre
présent ?
Dans ma recherche du bonheur, je constate aussi que le reve et
la réalité ont toujours été intimement melés. J'adore un bon gâteau a
chaque fois que j'ai l'occasion d'en manger, mais j'ai déja pas mal de
plaisir a anticiper qu'il sera au dessert... surtout si le repas m'a
laissé sur ma faim ! Tout ça
pour dire qu'au bout de mes soifs les plus profondes aussi bien que de
mes impasses les plus angoissantes, j'ai toujours fini par trouver sur
le terrain spirituel des réponses que je n'aurais pas trouvé ailleurs,
et qui donnent une perspective au bonheur, une trajectoire. Opium du
peuple , comme disait Marx ? Possible. Mais si c'est le cas, j'en aurai
au moins fumé du bon !
Christophe Élie
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L'ALLUMEUR
DE RÉVERBERES
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v2008-05-25 |
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