Cette phrase m'a fait prendre du recul sur mon expérience. Il
y a des moments ou nous forçons les choses, ou notre volonté est plus grande que
notre désir, ou encore mal appropriée aux gens autour, a la situation. Et quand ça
force, ça casse; en tout cas, ça blesse.
Mais a l'inverse, il y a des moments ou nous éprouvons une
certaine inertie, et sentons que nous devons nous dépasser, nous botter le
derriere , sans quoi nous nous installons dans une routine, une léthargie. Quelque chose nous dit que nous vivons a moitié,
que nous escamotons la saveur ou la tendresse.
Dans les deux cas il y a effort. Pourtant, ils sont tres
différents. Dans le premier, on se rend compte apres coup qu'on a brusqué une
sorte d'harmonie des choses, on a forcé les choses. Meme a un faible degré, on
a violé, chez soi-meme ou chez d'autres. Il aurait fallu s'arreter juste un
peu avant que la vie, la joie, ne passe plus.
Dans le deuxieme cas, au contraire, on prend conscience d'une
sorte d'ankylose, et on sent qu'il faut faire appel a la volonté pour la
dépasser, diluer l'obstacle. Autrement, c'est la routine et la dévitalisation
qui s'installent. On est moins que notre organisme sait qu'il pourrait
etre. Ici, ce qui compte, c'est le fait d'entreprendre une certaine pratique,
de l'insérer a notre quotidien, et de nous y tenir jour apres jour.
Il n'est pas toujours facile de discerner. Déja de prendre
conscience qu'il s'agit de deux réalités fort différentes nous aide a devenir
plus alerte. Car dans un cas comme dans l'autre, tout est une question
d'écoute intérieure, de ressenti. Comme pour un mal de tete, l'effort nous
indique la présence de tension. Et la tension nous parle d'un combat. C'est
toujours a nous demander de quoi est fait le combat, et de quoi est faite
notre impulsion spontanée, que nous arrivons a y voir plus clair et a corriger
le tir.
que Désikachar
appelle ABHYASA et qui signifie persévérance, il
ajoute :
Il y a une force qui nous
pousse a pratiquer et une autre force, faite de nos anciennes habitudes, qui
nous en empeche. C'est pourquoi, en général un effort s'avere vraiment
indispensable.
Quand arrive le moment ou l'effort n'est plus requis, c'est que l'esprit est
pret a aller dans une seule direction. Il n'est plus troublé par notre
dualité. Il est orienté et entre en communication directe avec "l'objet" de
notre attention. Cet état est YUG, i.e. union, unité avec ce qui est !