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de cas
RELIÉS A
L'ABUS ET A L'ESCLAVAGE SEXUELS
Ninn, adolescente
malaisienne
| Sonta, 8 ans, Bangkok
| Surmonter
l'agression sexuelle | Roger Letendre, homme d'affaires
Merci a vous, auteurs cités...
Un site comme celui-ci, sans but lucratif, est redevable du meilleur
a tant de personnes, notamment pour les extraits de
texte.
Nous tenons a vous en garder le crédit, et sommes heureux de faire
connaître vos publications.
|
Ninn, adolescente malaisienne
Voici un cas qui nous
donnera une idée du parcours de tant de jeunes. A 14 ans, Ninn quitte sa
Malaisie natale.
On l'a vendue a un réseau a Bangkok, tandis qu'on lui faisait miroiter qu'elle pourrait devenir mannequin. D'abord on a été
délicat avec elle : un bracelet et un foulard neuf, un miroir nacré
pour son sac a main. Puis elle s'est retrouvée dans une chambre d'hôtel
un peu sombre, ou elle a compris ce qui lui arrivait : une douzaine
de clients a desservir par jour, des fois jusqu'a vingt. Dormir quand
on peut. Se preter aux fantaisies les plus extravagantes et souvent
violentes.
Suite de la page
d'entrée
Au début elle s'est
résignée : " pour envoyer de l'argent a maman...
" Lorsque le dégout a pris le dessus et qu'elle a voulu fuir, c'est
alors qu'elle a connu les chocs électriques, les coups de broche
barbelée. On l'a meme enfermée jusqu'a ce qu'elle devienne plus
soumise. On l'a aussi initiée a la drogue : se geler lui permettait
d'avoir moins honte, mais ses dettes resserraient davantage encore sa
prison.
Six ans de ce régime n'ont
pas tardé a rendre Ninn méconnaissable : vieillie, dégoutée d'elle-meme,
n'osant plus garder contact avec sa famille. Et quand on se sent brisée
de l'intérieur jusqu'a l'âme, un rien vous inquiete ou vous
bouleverse. L'idée
du suicide n'est pas loin et prend des allures de soulagement.
www.studio-sth.com
|
Et si c'était
ma fille. ? |
**
Un coup de c?ur a permis a Ninn
de sortir du cauchemar, chose bien rare ici : un client
nord-américain a voulu savoir, et s'est ému. Il a compris de quel drame
humain il se faisait complice. On lui a pointé un refuge dans les
environs : il l'a trouvé, puis a aidé Ninn a s'enfuir de l'hôtel.
Aujourd'hui elle a 21 ans.
Accueillie dans un centre a Bangkok depuis quatre mois, elle est a
nouveau scolarisée, apprend la couture et va bientôt faire un stage dans
une boutique associée au centre. Elle a exploré le théâtre, qui l'aide
a se dire et a prendre une place. Chaque semaine, depuis peu, elle
accompagne des adolescentes nouvellement arrivées : elle se découvre
des capacités qui l'étonnent elle-meme !
C'est sur, sa santé est
fragile et son espérance de vie est raccourcie a cause du sida. Mais
la vie de son espérance, elle, reprend. On voit plus souvent un sourire sur
ses levres, et quelquefois elle échappe un rire d'enfant.
Nous avons
reconstitué le cas de Ninn a
partir de faits vécus.
Sonta, 8 ans, Bangkok
Prete a l'emploi
Sonta est entrée dans la
chambre de l'hôtel. Sans un mot, elle se dirige vers la salle de bains, prend
une douche rapide et ressort, a moitié nue, une serviette autour de la taille.
Elle ne dit rien, semble ne rien voir, laisse tomber la serviette et s'allonge
sur le lit, ses yeux fixés au plafond, avec les gestes fatigués d'une vieille
prostituée. Prete a l'emploi. Elle a la peau foncée des gens du nord de la
Thailande, de grands yeux bruns et, maintenant, une profonde inquiétude dans
le regard. Sonta a huit ans a peine. Une enfant.
Il est vingt et une heures ce
12 janvier 1990. L'hiver est chaud. Nous sommes deux adultes face a l'enfant
dans la chambre no 122 de l'hôtel Suriwongse, une maison de passe en plein
coeur de Bangkok. La chambre respire le sordide, les cafards courent dans la
salle de bains et le linge sent le moisi. Je reste muette, pétrifiée devant le
lit et cette gamine prostituée qui attend qu'on en finisse.
De l'autre côté du lit, il y
a Toy, le Thailandais avec qui je fais équipe. Toy, l'ami, le frere, celui
qui a accepté de m'accompagner tout au long de cette interminable enquete sur
la prostitution des enfants en Thailande. Il s'approche de l'enfant et lui
parle longuement, a voix basse. D'abord, la gamine semble ne pas réagir. Puis
elle fixe le visage de ce client pas comme les autres. Toy lui explique qu'il ne
se passera rien. Ce soir, personne ne la touchera.
Agence France-Presse
J'ai faim...
Brusquement, Sonta se détend.
Elle a compris. D'une main, l'enfant reprend sa serviette et se couvre. Avec une
pudeur retrouvée. Puis, pour la premiere fois, la gamine parle : elle a faim.
Un plat de riz frit arrive et Toy récupere le plateau par l'entrebâillement
de la porte. Surtout ne pas donner l'impression au garçon d'étage que nous
sommes différents des autres clients. Sonta plonge la main dans l'assiette de
riz qu'elle dévore. Des larmes coulent sur ses joues. Elle montre du doigt des
petites taches qui marquent ses bras, son dos et ses pieds. Des taches comme
celles-la, sombres et circulaires, j'en retrouverai sur tout les corps des
enfants qui vivent ici, dans les bordels. Vilaines brulures de cigarettes,
comme en portent parfois les enfants maltraités qui arrivent aux urgences des
hôpitaux européens. Sonta gémit. Une sueur importante inonde son dos, un
liquide épais et verdâtre coule d'une plaie infectée : cette gamine est
malade.
La chambre est fraîche, l'air
conditionné est le seul luxe de l'endroit. Au-dessus du lit, le miroir est gras
et deux préservatifs usagés traînent dans le cendrier. Je n'aime pas ce
miroir. J'imagine un oeil caché qui nous observe de l'autre côté, un sale
regard qui attend patiemment que nous commettions une erreur, celle qui nous
perdra.
Le dernier client
Maintenant, Sonta parle mais
son récit est confus. Elle a perdu la notion du temps, mélange le passé et le
présent. Elle n'a plus de reperes. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, son
corps est a disposition des autres. Toy l'interroge doucement en thai. Quel
est le dernier adulte qu'elle a rencontré ? Ou ? Comment était-il ? Que lui
a-t-il demandé ? Sonta raconte. C'était, il y a trois heures a peine,
dans la chambre 147 : un homme grand, a la peau blanche, attend, couché sur le
lit. Sonta se douche. Il l'observe, l'air impatient. Une bouteille de whisky et
deux verres sont posés sur l'unique table. La chambre pue le tabac et l'alcool.
Elle s'allonge sur le lit, l'homme et ses quatre vingt-dix kilos immobilisent la
gamine. Il l'embrasse, la manipule puis le client réclame sa fellation :
l'enfant s'exécute. Sa bouche, trop petite, couverte d'abces, est
douloureuse...
Toy traduit mot a mot, le
récit devient insupportable. Mais il faut poursuivre. Apres quelques minutes
dans la chambre, l'homme libere l'enfant et sonne le garçon d'étage. Ils
discutent ferme et le ton monte. Sonta ne comprend pas mais elle remarque que
l'homme ne sourit pas et que le garçon d'étage lui jette un regard noir. Un
client mécontent est un client perdu. Elle sait qu'elle va etre battue.
Parce qu'elle ne souriait pas...
Le garçon d'étage reconduit
l'enfant dans sa prison, un garage fermé et surveillé par un gardien armé et
une vieille Chinoise intraitable. Le garçon d'étage gronde : Sonta travaille
mal, elle ne sourit pas et les clients se plaignent. Les coups commencent a
pleuvoir. Cinq enfants assistent a la scene, assis sur une natte de paille.
Eux aussi passent leur temps, dans cette piece de cinq metres sur six, a
attendre qu'on les appelle. Dans les étages, d'autres enfants sont déja
occupés. A huit ans, Sonta est la plus jeune, et pourtant la plus ancienne du
groupe. Les coups continuent a tomber et elle finit par s'effondrer.
Maintenant, l'enfant s'est tue
et le silence s'est réinstallé dans la chambre. J'ai la gorge nouée, Toy ne
dit rien et Sonta pleure. Toy, habituellement si solide, détourne le regard et
se dirige vers la fenetre. A quelques centaines de metres, la vie continue
dans le quartier de Patpong, avec ses bars bourrés de touristes et de putes.
(...) Sonta a allumé la télévision et fixe l'écran ou des temples défilent
sur fond de musique traditionnelle thailandaise. Des bonzes offrent des
présents a un Bouddha géant. Tiens ! L'hôtel possede lui aussi son autel
religieux. Face a la réception, une maison en bois dite 'maison aux esprits'
attend les offrandes.
Souvenirs
Sonta se rappelle : son
village, la terre rouge du Triangle d'Or, aux frontieres de trois pays, les
femmes, le dos courbé dans les rizieres, et sa famille de la tribu des Akas,
des nomades... Une vie dure, sans école, mais avec des rires d'enfants et du
riz tous les jours. Sonta se rappelle aussi ce jour d'avril 1989, le minibus qui
approche sur le chemin de terre, une femme en robe verte, avec un chignon et des
mains gracieuses. Une femme élégante et belle, si belle ! Et les ballons
jaunes et rouges qu'elle leur a distribués ! L'enfant s'approche du véhicule
et... Apres, tout est allé tres vite. Les cris, le tampon de ouate sur la
bouche, le sommeil profond, l'arrivée dans Bangkok, la mégalopole inconnue,
l'arret a l'hôtel Suriwongse et, d'emblée, le premier client. Elle se
rappelle sa défense, l'homme qu'elle a mordu, et puis les coups, les coups et
encore les coups qui ont annihilé toute résistance. Apres ?...
Silence.
Il faut partir
(...) Au matin, il faut quitter
la chambre et rendre la fillette. Nous cherchons les mots, les gestes. En vain.
Il n'y a rien a dire quand on abandonne un enfant. Nous nous sentons
définitivement sales. C'est l'heure du petit déjeuner, le restaurant est plein
de touristes masculins. Je fuis.
Retour a Bangkok
L'auteur raconte qu'elle est
revenue quelques mois plus tard, résolue a retrouver Sonta et a la libérer :
J'ai du mal a la
reconnaître. Elle a maigri et paraît épuisée. Son corps est couvert de
petites plaques foncées. Et surtout, son visage a perdu toute expression (...),
le regard ailleurs, perdu dans un autre monde.
Fuir avec elle ?... Avec Toy, son
interprete, l'auteur parvient a convaincre le tenancier de l'hôtel de
laisser partir Sonta pour une somme d'argent. Le marché se conclut
pour 800 US$.
Des recherches fébriles pour
retrouver sa famille, des heures de marche pour rejoindre le village enfin
repéré.
Réunis !
Sonta reprend vie peu a peu, a
mesure que ses yeux reconnaissent la campagne de son enfance et que l'espoir la
gagne de retrouver les siens. Au loin elle aperçoit... sa mere ! Ses petites
jambes deviennent des ailes. Les retrouvailles en famille et
en village sont un moment d'une joie indescriptible, qui n'a pas de mal a
percer la pudeur asiatique proverbiale.
L'auteur a ce commentaire
émouvant : Nous savourons ce moment que nous avons tant espéré !
Quelque chose résonne en moi, comme le bourdon d'une énorme cloche de Pâques,
quelque chose d'infiniment plus fort que le bruit des clefs d'une chambre, les
hurlements d'une vidéo porno ou les cris d'une enfant que l'on maltraite,
quelque chose comme une musique folle, avec des paroles, toujours les memes,
quelques mots simples et fous a la fois : '' Sonta a retrouvé sa famille ! ''
Toy prépare le groupe pour qu'il
accueille Sonta aussi dans ce qu'elle a vécu : elle a été profanée, raison
généralement suffisante pour la rejeter; mais aussi elle a le sida, et n'en a pas pour longtemps a vivre.
Les coeurs ont
recommencé a battre, ils s'ouvrent... Entourée des siens, la souffrance qu'il
reste a supporter pour Sonta n'aura plus le meme sens.
Source : Marie-France Botte, Le prix d'un enfant **
(Nous avons ajouté les sous-titres.)
Roger Letendre, homme d'affaires
Voici de quoi
imaginer comment une
personne qui s'est laissée gagner par le tourisme sexuel a pu faire une prise
de conscience aussi forte qu'inattendue.
Montréal.
C'est la qu'il habite et travaille.
Son entreprise produit des accessoires de haute technologie pour les usines
d'épuration d'eau. Elle a pris de l'expansion a la faveur des salons d'affaires
et des missions commerciales, qui le menent de plus en plus loin.
Hong Kong. Cette
fois Roger Letendre se prépare a tenir un stand a un salon asiatique
prestigieux. Il salive déja, a l'idée des trois semaines qui viennent : une
semaine de congres, suivie d'une tournée de villégiature en Thailande.
Apres la course des derniers mois, pas de refus !
Le groupe nord-américain est
composé principalement d'hommes d'affaires. Entre les visites commerciales, nos
invités découvrent les bains d'algues, la plongée sous-marine dans les
massifs de coraux, le raffinement culinaire de l'Asie. L'hôtel offre massages
et services esthétiques, qu'il découvre avec fascination, et aussi un certain
malaise, jusqu'a se retrouver au lit avec une jeune fille qui dit s'appeler
Ninn. Elle a le charme délicat des femmes asiatiques,
comme sur les photos des magazines. De quoi pimenter le voyage...
Le salon est un franc succes !
Les carnets de commandes s'étoffent, au travers de réceptions ou on ne sait
plus bien ou s'arretent les affaires et ou commence l'exotisme. Notre ami
revient au pays enthousiaste. Il a meme accepté d'organiser a son tour la
tenue de l'événement a Québec l'an prochain. Il éprouve un certain
trac : hum, je joue dans les grandes ligues.
?
Québec. Les
préparatifs vont bon train. On lui a suggéré de faire découvrir aux
congressistes les charmes de l'hiver québécois, et recommandé de ne pas
négliger les services personnels aux invités...
Belle réussite encore ! Une
nouvelle association commerciale voit le jour. Notre ami a tout pour se
féliciter. Des poignées de main s'échangent. Un ?il averti le dirait
pourtant un peu absent... C'est qu'il s'inquiete de Julie, sa fille de quinze
ans. Les rapports étaient devenus tendus a la maison. Elle n'est pas rentrée
depuis trois jours, elle qui n'avait jamais fugué. Sans meme laisser
d'adresse.
L'absence se prolonge,
angoissante. Deux semaines passent. Les journaux de Québec provoquent la
stupeur : un réseau de prostitution juvénile vient d'etre mis au jour. Des
adolescentes de l'extérieur, attirées sous de faux prétextes, y étaient
contraintes a la prostitution, certaines sous menace de mort : elles
étaient offertes a des hôtels de luxe de la capitale.
Un appel téléphonique,
sursaut : Roger Letendre a un pressentiment. Le couple est convié au poste
de police, aucun détail. Dans la salle d'attente, une image vient un instant
gener les pensées de l'homme d'affaires : cette jeune fille dans un
hôtel de Thailande...
Il s'agissait
d'un cas-type, une reconstruction d'éléments qu'on rencontre
aujourd'hui en contexte de
mondialisation économique.
Surmonter
l'agression sexuelle
A l'âge de neuf ans, j'ai été frappé par une voiture, et ensuite abusé
par un infirmier. J'ai vécu la une expérience qui m'a influencé d'une
façon majeure durant tout le reste de ma vie. Je
voudrais témoigner ici des conséquences qu'elle a entraînées pour
moi dans mon vécu d'enfant, ensuite d'adolescent, puis d'adulte. Suite a mon
accident
(... Suite au panorama Levers
de soleil)
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