Le pot felé
Une vieille dame chinoise possédait deux grands pots,
chacun suspendu au bout d'une perche qu'elle transportait, appuyée derriere son
cou.
Un des pots était felé, alors que l'autre pot était en parfait état et
rapportait toujours sa pleine ration d'eau. A la fin de la longue marche du
ruisseau vers la maison le pot felé, lui, n'était plus qu'a moitié rempli d'eau.
Tout ceci se déroula quotidiennement pendant deux années completes, alors que la
vieille dame ne rapportait chez elle qu'un pot et demi d'eau.
Bien sur, le pot intact était tres fier de ses accomplissements. Mais le pauvre
pot felé, lui, avait honte de ses propres imperfections, et se sentait triste, car
il ne pouvait faire que la moitié du travail pour lequel il avait été créé.
Apres deux années de ce qu'il percevait comme un échec, il s'adressa un jour a
la vieille dame, alors qu'ils étaient pres du ruisseau :
―
'ai honte de moi-meme, parce que la felure sur mon côté laisse l'eau s'échapper
tout le long du chemin lors du retour vers la maison.
La vieille dame sourit :
―
As-tu remarqué qu'il y a des fleurs sur ton côté du chemin, et qu'il n'y en a
pas de l'autre côté ? J'ai toujours su a propos de ta felure, donc j'ai semé des
graines de fleurs de ton côté du chemin, et chaque jour, lors du retour a la
maison, tu les arrosais.
Pendant deux ans, j'ai pu ainsi cueillir de superbes fleurs pour décorer la
table. Sans toi, étant simplement tel que tu es, il n'aurait pu y avoir cette
beauté pour agrémenter la maison.
Reçu de Fanny Breton, Lévis (2006-10)