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Pourquoi
apprenons-nous si lentement !?...
Quelques poussieres
de sagesse collées a nos talons
C'était (...) un soir qui ne sait pas ce qu'il veut,
semblable en cela a une multitude d'humains
qui veulent sans vouloir, qui aiment sans aimer,
qui ont mal et font mal sans savoir pourquoi.
Anne Meurois-Givaudan
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*
Je
m'étais pourtant promis...
Un
ami, chez moi, sortait de la douche : j'ai aperçu un vieillard de 38 ans,
tout boitillant ! Il avait joué une partie de balle-molle la veille -
ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. J'étais
plutôt fier de me payer sa tete, le petit jeune ... Ce n'était pas la
premiere fois que sa carcasse lui donnait l'heure juste sur sa forme
physique. Il s'était pourtant promis de faire du sport plus souvent.
Ça m'a
ramené a mes propres courbatures, qui sont de temps en temps physiques, mais
qui ont surtout a voir avec mon adaptation a ce qui m'arrive. Et je me suis
demandé : Pourquoi diable mettons-nous tant de temps a apprendre de la
vie ?...
C'est vrai,
nous avons autour de nous des centaines de témoins qui nous démontrent
comment on peut vivre a fond sa vie, ou la mourir a fond. Les librairies
n'ont jamais autant multiplié les bouquins sur le développement personnel.
Et chacun de nous a son propre vécu, qui vaut bien a ses yeux tous les
autres ! N'allons-nous que d'une adolescence a l'autre, avec le besoin de
faire toutes les expériences par nous-meme, ou roulons-nous notre vie avec
le frein a main actionné en permanence ?... Ma réflexion m'a amené sur
quelques pistes qui m'aident a mieux comprendre, pour le dépasser, le fait
que nous apprenons
si lentement. Je vous les partage :
Nous
traversons la vie en aveugle...
Les occasions de nous émerveiller, de
remercier la vie, sont nombreuses dans une journée. Celles de découvrir
aussi. Mais comme nous nous laissons ankyloser l'esprit par les médias, les
potins et que nous courons pour en vivre le plus possible dans une journée,
nous glissons sur la saveur des choses. Regarder a neuf comme un enfant,
celui que nous sommes encore, bien caché au fond de nos affaires sérieuses...
Il paraîtrait que le bonheur est un prix de présence...
Nous
vivons en double... Nous avons la tete bourrée de concepts sur la vie, de
bonnes valeurs aussi. A preuve, nous nous laissons vite attendrir devant le
spectacle de la souffrance a la télévision ou, dans notre cercle intime,
devant l'expression d'une émotion chez un etre cher. Mais arrivés sur la
place publique, la ou on pourrait nous regarder, nous mettons notre masque
tel que nous l'avons appris acceptable. Petit test : combien de personnes côtoyez-vous
dans une journée, de qui vous pourriez dire Ah, ça c'est quelqu'un qui
agit comme il pense...
Je ne crois pas que ce soit parce que nous
sommes faux. Non. Mais nous manquons l'occasion de traduire en outils pratiques les
grandes vérités que nous connaissons fort bien. Pour prendre un exemple, la majorité
d'entre nous croyons tout a fait ce que nous ont dit toutes les religions et
les philosophies du monde, a savoir que l'amour est le centre de tout, le
grand guérisseur. Mais quand choisissons-nous de donner des poignées a
cette notion, de l'essayer pour voir si ça marche ? (J'ai essayé de faire un
bout de réflexion la-dessus; on la trouve au Feuillet
10 : Si j'étais convaincu que l'amour.)
Nous
n'apprenons pas de ce qui nous a fait mal...
La douleur
nous ramene au premier pas de l'amour : prendre contact avec ce qui est la,
nous re-sensibiliser. Est-ce le fait d'une certaine paresse ?
Nous
perdons si souvent le bénéfice d'apprendre de nos moments de douleur. Nous la fuyons,
souvent, et surtout nous escamotons d'écouter et de répondre a la question Qu'est-ce que la vie veut me dire la ?... Pas étonnant que nous
revenions aux memes types de rendez-vous. Nos grands problemes de santé
ne sont pas des problemes d'estomac, de coeur ou de je-ne-sais-quoi, me
disait un ami, ce sont des problemes d'oreille.
Nous sommes
suspendus au regard des autres...
La vie me propose un
double rendez-vous : d'une part comprendre comment la vie est faite, comment
l'humain fonctionne. Et en meme temps saisir ce que moi
j'ai d'unique au monde, et qui pourrait bien me dire ce qui m'a fait venir sur
ma planete... Mille peurs me retiennent face a ce rendez-vous : celle de m'éloigner du chemin emprunté par le troupeau, la crainte d'etre
montré du doigt, et surtout d'etre mis de côté. Et je parierais ma chemise que le
temps ou je tarde a découvrir mes chemins, c'est autant de temps
gaspillé a pouvoir savourer le sens de ma grande randonnée, puis d'en faire
cadeau au monde.
Nous
prenons notre théâtre trop au sérieux...
Ma
vie serait-elle la meme si j'arrivais a la prendre comme une grande piece
de théâtre, en m'accrochant moins au contenu de mes rôles, et davantage aux
occasions qu'elle m'offre de gouter, d'aimer, d'apprendre ?... Serait-elle la
meme si j'arrivais a l'attraper comme un enfant de 6 ans qui revient de l'école
en septembre avec - pensez donc! -
son premier devoir a faire ? De grâce, ne lui apprenez pas qu'il finira par
considérer son devoir comme une corvée...
Nous nous
arretons en chemin d'apprendre.... Un défi s'amene : pris
par surprise, nous réagissons avec nos vieilles recettes. Pourtant nous
avions appris que ça ne marchait pas. Savoir et connaître : toute une
différence ! Nous n'avons pas encore réalisé ceci : les plus belles
prises de conscience ne peuvent prendre racines qu'a force de pratique, plantées
dans le quotidien. Parce que seule la pratique crée le réflexe. Quand c'est
devenu réflexe, c'est devenu nous. Pas avant.
Nous
sommes débranchés des grands rythmes de la vie...
Relié
a cette question de pratique, quelque chose qui est plus récent au travers
de mes prises de conscience : il y a celle des rythmes, des cycles. L'univers opere toujours en cercles , dit un tres beau texte d'Élan
Noir, au panorama Le Saviez-vous ?....
Nous ne savons pas enchâsser notre pratique du bonheur dans des rythmes,
comme le fait la marée, comme le fait notre respiration. Car les façons de
le faire ont changé : la pratique religieuse du dimanche n'est plus forcément
la pour nous faire réaliser qu'une nouvelle semaine commence; l'arrivage des
fruits et légumes de tous les coins du monde, tout au long de l'année, n'aide pas
a croire qu'il y ait une saison pour chaque chose; le careme avec ses
privations n'est plus la pour nous remettre d'aplomb l'estomac au départ
d'une nouvelle année...
Il nous faut réinventer
pour aujourd'hui des façons de rythmer la journée et la semaine, le mois et
la saison, l'année..., et donner un sens renouvelé a nos fetes plutôt que
de les supprimer du calendrier.
Sur ce plan, qui autour de nous sait tirer avantage du cycle lunaire -
ces forces qu'une femme connaît d'instinct ? (voir la-dessus un passage sur
la Lune noire, au panorama Le
saviez-vous ?... ) Qui d'entre nous a conservé quelque
chose des cures annuelles du printemps, avec lesquelles nos grands-parents
refaisaient leurs énergies ?
Le jour et les océans n'ont pas, eux, cessé de vivre en rythmes. Car nous
nous épuisons a ramer en réinventant notre aventure humaine, en perdant la
cadence. Qui sait s'il y aurait des façons renouvelées pour aujourd'hui de
profiter de la poussée des courants de la vie ? Faudra-t-il ramener plus
de nature au coeur de nos villes pour arriver a se souvenir que nous sommes
faits de rythmes ? Faudra-t-il donner des contrats aux Africains pour
qu'ils nous apprennent a nous brancher sur nos danses intérieures ?... - Tiens,
ça me rappelle que je m'étais promis de me joindre a Marie-ange et a son
groupe, pour feter le prochain solstice...
Christophe Élie
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