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Notre
vie,
une symphonie inachevée...
Nous n'offrons au monde que ce que nous avons conquis
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Il y a plus grand mensonge
qu'une parole qui ne dit pas la vérité.
C'est une vérité qui ne dit pas l'espérance.
Une histoire de paralysie
cérébrale
Une bonne amie, qui vit avec une
paralysie cérébrale depuis les premieres heures de sa naissance, m'a raconté
qu'elle marchait avec un ami, un jour qu'elle se sentait particulierement
bien. C'était d'ailleurs apres s'etre remise un peu d'une période tres
dure a passer.
- Dis don', Réjane, lui demande-t-il, tu dois en avoir fumé
du bon ? tu marches tout droit !
Pour elle qui marche habituellement courbée, tituber la ramenait d'aplomb !
(avec un peu d'imagination, quand meme...).
Ça m'a fait repenser a la réflexion
que je vous partageais au Feuillet 15 : SALUT
MON SORT, JE T'ATTENDAIS !... Elle explore l'hypothese qu'un
événement serait toujours le meilleur qui peut nous arriver, malgré les
apparences. A la fois pour nous refléter qui nous sommes, ou
nous en sommes, a la fois pour nous mettre dans le bon angle pour faire face
a la suite.
Le fait d'etre né ici...
La ou tu es semé, il
te faut fleurir.
Fété, congolaise **
J'ai envie de pousser plus loin
la question aujourd'hui. Se pourrait-il que ce qui est vrai pour un événement
de notre vie en particulier, ait pu l'etre aussi pour notre naissance ? Que
le fait de naître dans ce pays, d'appartenir a cette race, de
débuter dans ce milieu social, cette famille qui est la nôtre...
ait aussi été le meilleur qui pouvait nous etre proposé, compte tenu d'ou
en était notre etre - ce que plusieurs appellent l'âme ? Se
pourrait-il meme - en voyant a quel point le besoin de liberté fait partie de nous - que nous étions déja
des etres doués de liberté dans le monde des âmes, et que nous ayons été
associés a choisir nos grands parametres de vie, dans une sorte de
complicité avec la Source ?...
C'est en tout cas la vision a
laquelle m'a ouvert un bon ami a moi, dont le fils est multi-amputé de
naissance. Je l'ai entendu lui dire un jour : il y a de bonnes chances
pour que tu aies choisi ton atterrissage sur la planete, dans le corps que tu
as la, que tu m'aies meme choisi comme parent (ajoutant avec un clin
d'oeil malicieux : tu l'auras voulu !...) J'ai la conviction que
tu avais, tel que tu es, quelque chose a apprendre, et quelque chose a
apporter. Trouve-le ! Passionne-toi a le trouver.
J'avoue qu'en entendant ces
propos, j'étais resté songeur un bout de temps. Des spéculations généreuses,
tout ça... En plus, des questions qu'on ne peut pas aborder tout
haut avec n'importe qui !... Mais ça m'a quand meme trotté dans la tete.
Karma ou nouvelle espérance ?
J'ai choisi de me poser de
telles questions,
sans rien affirmer. Simplement je me dis aujourd'hui, a voir mon amie Réjane,
que si j'étais a sa place au quotidien, pour faire face aux verres cassés
par terre, au regard des autres sur la rue, et qu'on m'apprenne que j'étais
dans le coup lorsque s'est décidée ma course destination monde, ça
ne me laisserait pas indifférent. Si on m'apprenait que j'ai en toute
connaissance de cause choisi de naître avec ce corps qui danse sans musique
et cette main qui fait valser les objets, quelque chose en moi deviendrait
plus léger.
Je cesserais de me fatiguer avec
ma grande question comment diable peut bien fonctionner la justice de la
vie ?... Et je deviendrais plus réceptif a l'idée qu'il y a peut-etre
eu la un rendez-vous peu banal, quelque chose qui ressemble au défi du
papillon qui doit percer son cocon pour arriver a déployer ses ailes : le défi
de conquérir de l'intérieur un équilibre, une souplesse en dépit de la résistance
que m'offre mon corps, mais avec sa complicité. Comme le rocher pour
le grimpeur : mon Everest a moi...
Je trouverais probablement cette
idée farfelue pendant un temps... mais peu a peu chargée d'une nouvelle espérance.
Ma vie, qui ressemblait a empiler des briques qui me retombent dessus a
mesure, prendrait le sens de construire une cathédrale, ma cathédrale...
Peut-etre meme qu'il y aurait
la un cadeau pour d'autres aussi. Car lorsque je regarde en arriere, je
constate que les grands cadeaux que d'autres m'ont faits, ou que moi je leur
ai faits, ont souvent pris racine dans des blessures et des reprises en main.
Combien de fois il m'est arrivé d'etre séduit par l'optimisme ou par la
bonté de certaines personnes, envieux qu'ils aient ça de façon si
naturelle. Pour finir par apprendre qu'ils en avaient bavé pour en arriver la,
que cette impression d'aisance n'était pas le résultat d'une facilité, mais
d'une digestion.
Quand je repense a mon amie Réjane,
c'est cette singuliere notion de karma des Orientaux qui vient me
trotter dans la tete. Peut-etre l'ai-je trop assimilée a cette idée que
notre naissance serait simplement le reflet de ce que nous avons vécu antérieurement.
Une fatalité, la récompense ou la punition de ce que nous avons fait de bien
et de mal - et souvent plus une punition. C'est ce qui fait qu'en
Inde, par exemple, les Intouchables sont voués a rester dans cette
caste de génération en génération : c'est leur karma...
Pour un faisceau de raisons...
Décidément, je crois que
la vie est plus riche que ça. Et que rien n'est jamais bétonné une fois
pour toutes. L'état de ton corps, Réjane, ne vient pas simplement te refléter
ce que tu aurais attiré a toi dans d'autres passés. Les conditions de ta
naissance disent quelque chose d'autrement plus splendide, j'en suis sur, et
elles ont été un choix délibéré de ta part. Je les vois comme un
carrefour de plusieurs chemins : il y a ce que tu es d'unique, ce que tu désirais
expérimenter en venant ici, ce que tu avais besoin d'apprendre, et le service
que tu désirais apporter au monde. Quand j'y pense, ça ne m'étonne plus
qu'un homme de Galilée, il y a 2000 ans, nous ait invités a ne pas juger
: qui peut dire le projet de vie qu'avait un clochard, Hitler ou... toi et
moi, en venant au monde ?...
Quand je regarde mon parcours,
j'aime mieux voir ma vie comme l'aventure d'un chercheur d'or, celle d'un chef
d'orchestre devant sa symphonie inachevée. J'ai la possibilité d'en faire un
passionnant pari - pas toujours reposant ! - le pari de
trouver les harmoniques qui vont le mieux me permettre d'accoucher de mon
chef-d'oeuvre, celui que je portais en germe au moment de franchir le seuil de
cette vie.
Ma carcasse trop maigre, ma
taille trop grosse, ou pas assez... n'est bien qu'un habit de théâtre. Elle
me chuchote Je suis un vetement sur mesure avec ton projet de vie. Ne
perds pas de vue que dedans, il y a un etre de lumiere qui fait son chemin.
Prends-moi comme un tremplin, pas comme un stigmate; tu vaux mieux que ça. Et
puis si tu petes quelques coutures, rien n'est grave. Tiens, voici du fil et
une aiguille...
Christophe Élie
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L'ALLUMEUR
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