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Je reprends ma liberté...
Témoignage autour d'une rupture de couple - suite
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Au feuillet 25,
je vous partageais les propos d'un ami, Réal, entourant sa relation
d'aujourd'hui avec son ex-conjointe. Il m'a parlé aussi de ce que ça aurait
pu changer, avant qu'il se sépare, de savoir ce qu'il sait, maintenant qu'il
a pris du recul sur sa séparation. J'ai pensé que ça pourrait vous
intéresser aussi.
Une question me brulait les levres :
- Mais
toi et ton ex', n'avez-vous pas été tentés de considérer comme un échec
ce que vous avez vécu auparavant ?.
- Je peux juste te parler pour moi.
Je n'ai pas tardé a me poser cette question,
plusieurs fois d'ailleurs ! Tout de suite, j'ai choisi de refuser de
regarder ça en échec. Bien sur, je voyais des erreurs sur le
parcours. Mais une erreur et un échec, c'est deux. Ça peut devenir un
échec si on refuse de faire la vérité avec soi-meme, si on se prive d'apprendre de ce
qui nous est arrivé, ça oui. Une erreur dont on profite apres, c'est pas
un échec, c'est... je dirais une sorte de placement.
Qu'est-ce qui a pu se passer dans sa tete a elle,
au moment de choisir de partir ?... : je me
suis souvent posé
cette question-la, aussi. Si c'est moi qui avais choisi de rompre, il me semble que j'aurais été
tenté de me convaincre que je n'aimais plus ma partenaire :
comme ça, ça m'aurait évité de me sentir coupable de ma décision. La culpabilité, ça
nous fait faire de ces acrobaties. Ou peut-etre que ça m'aurait évité
d'avoir a conclure a un échec : je la quitte parce que je ne l'aime plus,
c'est tout.
- Tu m'as dit ta conviction que
l'amour ne peut pas s'éteindre entre deux personnes : qu'est-ce que ça aurait pu
changer, lui ai-je demandé, si avant de vous séparer tu avais déja
été convaincu de ça ?.
- Hum. sacrée question !...
Mettons ça d'abord en perspective : on dirait depuis quelques années que la
plupart des gens qui vivent
en couple éprouvent le meme besoin frénétique : se donner de l'espace. Comme s'il nous fallait a chacun un supplément d'oxygene.
Le besoin devient urgent, on dirait, de trouver chacun qui nous sommes et de
le respecter plus. J'ai longtemps pensé que c'était la peur de nous engager,
mais je me rends compte qu'il y a plus que ça. Au point que notre impulsion devient de tasser tout ce qui semble faire obstacle a
notre liberté,
a n'importe quel prix - meme au prix d'une
séparation.
Il est devenu songeur un moment, puis a rajouté :
- Je leve mon chapeau a ceux qui s'ingénient a trouver des façons de s'équilibrer autrement, avant de conclure qu'il
leur faut se séparer. Ou, s'ils ont vécu la séparation, qui trouvent des manieres d'organiser autrement leur nouvelle vie a deux.
Un collegue m'a raconté que lui et sa femme s'étaient trouvé un endroit ou chacun pouvait aller s'évader avec un bon livre le vendredi soir, avant que la marmite saute. Un autre m'a dit qu'ils s'étaient fait chacun sa chambre, pour casser la routine, faire que lorsqu'ils dorment ensemble, ça soit encore un cadeau que l'un fait a l'autre. J'ai aussi des amis qui se sont acheté un jumelé et qui habitent de part et d'autre, chacun avec ses enfants propres; ils se retrouvent quand ils en ont envie, sans rien se devoir...
A nouveau il s'est mis a jongler dans sa
tete, pour conclure :
- C'est sur, il faut etre deux a le vouloir...
J'allais m'arreter la, mais je sentais qu'il était
encore en train de se
dire quelque chose... Puis c'est venu :
- ...C'est
a croire, ajouta-t-il en me regardant dans les yeux, que les plus
grandes séparations ne sont pas dans les registres
: je pense aujourd'hui que ce
sont les séparations que je vis a la petite semaine avec moi-meme.
Ce
qui me paraît la priorité, maintenant, c'est de coute que coute me marier mieux avec
celui qui me regarde dans le miroir : d'etre bon pour moi un peu plus quand
ma compagne n'y arrive pas, quand je vis sa réaction comme injuste. De l'encourager de son côté a se donner des chances : se faire un projet bien
a elle... s'ouvrir un compte en banque a son nom...
Je trouve que notre
réaction face a ce qui nous manque, des
fois, ressemble a celle qu'on a devant un outil qu'on a égaré : qui a encore pris
mon stylo ?...
et nous le retrouvons dix minutes plus tard, tout gené : il
était dans une poche de notre manteau...
C'est de découvrir, dans le petit
quotidien, des poignées de bonheur qui nous appartiennent, avant de
considérer que l'autre nous les doit.
Je me dis que reprendre notre liberté
commence la... Sinon, l'autre commence a se sentir
pris en otage, et c'est la qu'il se met a douter de son couple. Pour moi, je
constate que ça veut dire de
me permettre plus dans les moments ou je me confronte. De me pardonner plus, aussi,
quand j'ai cassé ma pipe. Et de me récompenser d'y etre arrivé !
On revient a ta question
- je
ne l'avais pas oubliée ! J'ai effectivement
été tenté de savoir ce que ça aurait fait, si nous avions réalisé tout ça
plus tôt, tous les deux... Et meme, si quelqu'un nous avait demandé, juste
avant qu'un de nous deux choisisse de rompre : Ne pensez-vous pas que
vous allez revivre le meme genre de rendez-vous, avec un nouveau partenaire ?...
Mais j'ai décidé de ne pas gratter le passé.
Par contre - ça,
c'est
différent - d'écouter
aujourd'hui quand des émotions reliées a ça remontent, et de me dire tout
haut, a mesure, ce
qui se passe en moi, ce que ça me fait... la oui : ça, c'est du présent.
Avec la distance, je me sens mieux équipé qu'avant pour faire face a la musique...
Et l'envie de danser me revient, meme !...
Un silence a suivi...
Mais vous auriez du voir ses yeux : on aurait dit qu'il était pret a refaire
chantier.
- Dis don' Réal, si on s'allumait un bon feu ?... M'aiderais-tu a
rentrer mon bois ?
- Sacrée bonne idée !
Christophe Élie
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L'ALLUMEUR
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v03-08-04
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