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La chronique de l'Oncle Christophe

 


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MIROIR   |   VÉRITÉ

Rendre le miroir complice...   |   L'homme dans le miroir

Rendre le miroir
complice...

Laisse ton coeur s'exprimer
Ta vie n'est pas une visite guidée.

Natzeli Morales-Richard, 8 ans

 

Quelle est votre expérience actuelle quand vous passez devant le miroir ? D'apres vos réactions spontanées : cherchez-vous que le miroir vous renvoie votre personnage social, ou qu'il vous parle de la personne que vous etes pour vrai ?...

Si vous etes comme moi, il y a des jours ou le face-a-face avec le miroir devient une sorte de champ de bataille : des traits tirés par la tristesse, des rides pas tres bienvenues... provoquent un combat intérieur : etre ou paraître ?... Quand vous osez regarder le miroir sans tricher, quelque chose vous désinstalle, vous donne un peu trop vite l'heure juste sur votre accueil de vous-meme, par moments. Mais il vous vitalise aussi, et quelquefois vous récompense : votre effort patient pour faire la paix avec ce visage commence a porter fruit...

Aimeriez-vous hâter le jour ou votre accueil pour vous-meme sera sans condition, ou passer devant le miroir sera par avance une expérience de tendresse ?

Un petit exercice

Je n'ai pas toutes les réponses, mais je pense avoir trouvé un moyen de hâter ce jour-la au calendrier. Essayez ceci, la prochaine fois que vous vous aurez un peu de temps disponible devant un miroir :

Quoi faire Mis en perspective
1. Les yeux fermés, je prends contact avec la plus belle... / le plus beau... (votre prénom) que je connaisse. Je retrouve mon etre dans sa valeur profonde, aussi dans ses blessures.

Selon ce qui m'aide le plus, je prends pour le faire ...
- les yeux d'un parent, d'un ami qui m'aime sincerement;
- mes yeux, en me rappelant un moment de grande fierté;
- les yeux du Créateur devant le chef d'oeuvre qu'il a fait de moi.

Un grand défi de la vie est de démeler qui je suis au travers du regard des autres et de mon appartenance sociale, pour arriver a me permettre d'etre plus pleinement.

L'équilibre entre mon regard sur moi et le regard des autres sur moi est un Everest sans cesse a conquérir. Je me respecte plus surement, et ça devient plus aisé a réaliser, lorsque je repars de ce que mon coeur me dit de moi, de ce que l'enfant que je porte toujours en moi demande encore comme tendresse. Le regard des autres, alors, m'affecte moins.

2. J'ouvre les yeux devant le miroir, en cherchant a garder cet état d'esprit, ce contact avec mon etre intérieur, pendant que je vais a l'exploration de ce visage.

- Je prends ce visage d'abord comme celui d'un inconnu, ou d'un ami de longue date qui revient de loin...

- Je fais s'animer ce visage : je m'amuse a découvrir ses possibles, les expressions qu'il arrive a prendre.

- J'observe mes réactions spontanées : ce qui m'attire ou me plaît..., ce qui me gene ou me déçoit... Si possible, je me les dis tout haut.

Me dédoubler de mon visage dans le miroir me rend plus facile de sentir concrete ma relation avec moi-meme.

Ce visage devant moi est une sorte d'ambassadeur pour moi. Son rôle est de me relier au monde. Il fait du mieux qu'il peut pour exprimer tantôt quelle personne je suis et tantôt quel personnage je souhaite présenter au regard des autres.

Quand je m'éloigne de moi, quand j'entre en insécurité, cet ambassadeur devient un acteur, porte un masque qu'il se donne pour me protéger ou pour séduire mon entourage en ma faveur.

3. Je dis a ce visage qui je suis réellement, derriere mes peurs, mes doutes, mes manques d'espoir... Je lui dis l'etre splendide que la Vie a voulu mettre au monde en me créant. Je lui parle aussi de cet enfant en moi qui a été blessé et de ce qui lui ferait du bien.

- Plaçant ma main sur le miroir, je renouvelle mon pacte de complicité avec ce visage devant moi :  Je te confie de refléter aujourd'hui  cette personne que je suis vraiment, derriere le personnage... 

Cet ambassadeur avec ses masques est un allié toujours a ma disposition.

Sa façon de travailler pour moi est provisoire : elle parle de moi aujourd'hui et pourra changer demain, des que j'aurai modifié son contrat.

Ce demain m'appartient. Je modifie ce contrat avec mon visage-ambassadeur a mesure que je découvre qui je suis vraiment et la satisfaction que j'en éprouve.

4. Je regarde ce visage droit dans les yeux et, si je me sens bien a le faire, je lui demande  Aimerais-tu que je t'adopte ?... J'observe les changements dans le visage... Je me permets l'émotion si elle monte...

Je prends un engagement : celui de prendre désormais chacun des miroirs devant lesquels je vais passer, non pas comme une vitrine qui cherche a vendre un visage présentable, mais comme une occasion de reprendre contact avec le meilleur de moi, puis d'offrir ce meilleur au monde.

Peu a peu je prends conscience :

- que ma recherche du bonheur finit par etre mieux comblée a force de refléter qui je suis vraiment;
- que mon entourage, lui aussi, est plus gagné a moi lorsqu'il arrive a connaître ma personne plutôt qu'un personnage.

Chaque pas que je fais pour exprimer qui je suis vraiment est un cadeau que je me fais.

Quelque chose de nouveau...

 Deviens ce que tu es disait un sage. Apres plusieurs rencontres de ce genre avec le miroir, vous allez sentir que quelque chose bouge en vous. Vous aurez moins d'appréhension a repasser devant une glace, vous aurez moins besoin de vite vous composer un visage acceptable. Vous allez vous risquer a croire que cette bouche trop grande ou ce nez trop long, ces yeux fatigués ou ces cheveux trop vite grisonnants ne sont qu'une enveloppe de passage qu'emprunte votre etre. Mes traits sont comme ça aujourd'hui, mais quelle importance ! Moi je sais qui habite a l'intérieur...

Plus vous allez faire dire au miroir qui vous etes vraiment, moins dans la vie de tous les jours vous allez craindre que d'autres vous voient tel que vous etes, car vous aurez été le premier a vous parler de vous : qui peut alors vous désarçonner ?... Et lorsque d'autres vous feront mal oui, vous vivrez cette situation encore  vous arriverez plus aisément a vous protéger : moins avec le réflexe de vous fabriquer de nouveaux masques qu'avec celui de revenir au centre de vous pour contacter a nouveau votre enfant intérieur. Lui est sans masque et pourra vous dire son besoin dans la situation.

... qui ressemble a une conquete

C'est qu'alors vous etes en train de devenir votre ami. Conquete plus glorieuse que celle de l'Everest, sans doute. Vous prenez vos masques et vos maquillages avec humour. Vous les gardez le temps qu'il faut, mais ils vous deviennent moins nécessaires, car vous savez qu'ils sont des outils de passage, le temps d'apprendre a ne pas avoir peur : peur d'avoir mal, d'etre refusé ou qu'on prenne du pouvoir sur vous... Et vous permettez aux autres d'en faire autant, sans pour autant etre dupe de leur théâtre.

Dans la suite, lorsque vous allez vous peigner, vous parfumer avant de sortir pour lancer une journée ou une soirée, vous vous surprendrez a réaliser que votre geste n'a plus tout a fait le meme sens. Il servait souvent a cacher quelque chose de vous, quelque chose de douloureux ou d'un peu mort. Il vous prendra l'envie de poser ces gestes pour y célébrer plutôt quelque chose de vivant : cette beauté que vous prenez plaisir a offrir au monde consciemment, a mesure que vous la découvrez vous-meme. Et si des gens tardent a la reconnaître, ou s'il vous arrive d'en douter vous-meme un instant, ce n'est pas grave : cette beauté est inscrite en vous, c'est votre nature. Si c'est vrai, ceci veut dire que ni vous ni personne ne pourra jamais ajouter ou enlever quoi que ce soit a cet etre que vous etes.

Dans un moment fugace, l'idée que vous etes fait de divin vous paraîtra moins étrange, moins audacieuse. Si ça vous arrive, remerciez la Vie pour ce moment privilégié. N'attendez pas d'etre devenu votre meilleur ami pour feter ça : il suffit de vous savoir en chemin. Amenez-vous au restaurant ou au cinéma... ou entrez simplement en silence pour bercer votre enfant intérieur. Vous lui devez bien ça !

Écoutons en terminant un texte proposé par Eileen Caddy :

Tu es comme un miroir; tu ne peux cacher ce qui est en toi, quelles que soient les tentatives que tu puisses faire, car ce qui est a l'intérieur ne peut etre retenu. Tôt ou tard, cela s'exprimera dans le monde extérieur; alors, laisse-le couler librement, et n'essaie jamais d'arreter ce flot. (La petite voix, 12 juin)

  • L'HOMME DANS LE MIROIR


L'HOMME DANS LE MIROIR

Quand le monde t'a cédé ce que tu désires

Et que pour un jour, il t'a fait roi,

Alors vas devant le miroir, regarde-toi.

Écoute ce que cet homme veut te dire.

Ce n'est la ni ta femme, ni ton pere, ni ta mere

qu'il faut que tu consideres.

Celui dont le verdict compte le plus dans la vie est celui qui te regarde en vis-a-vis.

C'est lui qui compte.

Laisse faire le reste parce qu'avec toi, toujours il reste.

Tu passes le test le plus difficile de ta vie,

Si l'homme dans le miroir est ton ami.

Tu peux te penser quelqu'un mon vieux, parce que tu as ramassé bien des sous.

Mais l'homme dans le miroir dit : " Tu es un voyou "

si tu ne peux le regarder dans les yeux.

Tu peux tromper les gens pendant des années,

Mais tes meilleures joies seront gâtées,

Meme avec de l'argent plein ton tiroir,

Si tu as triché l'homme dans le miroir.

Dale Winbrow
 

 

  • IMAGERIE MENTALE

L'image que l'on a de soi a tellement d'importance dans la vie. C'est une image mentale qui nous accompagne partout ; elle est faite de nos victoires et de nos défaites, de nos triomphes et de nos humiliations passées. Et c'est elle qui déterminera notre réaction a une situation, nos pensées, nos sentiments, nos actes et meme nos compétences.

Mais cette image n'est pas coulée dans le béton ; nous pouvons la modifier. Elle est formée d'expériences, et nous pouvons influer sur nos expériences. La science a prouvé que le systeme nerveux central ne peut faire la différence entre une expérience réelle et une expérience imaginée. Si nous sommes incapables, physiquement, de ressentir une expérience, nous pouvons nous en créer une mentalement.

Morris Goodman et Pat Garnett,  L'homme miracle, p. 84.
Reçu de Sylvie Soly (2005-02)

 

  • ET LE REGARD DES AUTRES ?

Je trouve que l'enfant est, comme l'animal, un bien meilleur guide pour nous aider a nous connaître : il nous ressent, globalement, alors qu'un adulte nous juge, nous loge dans des catégories. Un enfant va plus vite a l'essentiel, mais en meme temps il est plus indulgent. Sa façon naturelle de passer a autre chose, l'instant d'apres, nous entraîne dans son mouvement de vie : nous ne restons pas prisonniers de ce qu'il a vu en nous.

J'ai toujours accordé plus d'importance au regard qu'avaient sur moi mes enfants qu'a tout autre regard. Tantôt, je savourais ce qui les réconfortait a mon contact, tantôt je me tracassais de leurs remises en question quelquefois incisives, et meme impitoyables a l'adolescence. Venant d'autres personnes, une critique m'a souvent mis en tristesse, mais venant de mes enfants, elle me mettait en combat. Mes enfants m'ont appris avec sureté la ou je suis un etre libre, et la ou j'ai mes réserves de crispation. Ils me l'ont dit par leurs commentaires, et a mesure qu'ils avancent en âge, ils arrive qu'ils me le disent par leurs silences.

Accueillir sa vérité, venant des gens qui vous aiment... Hum, toute une école ! Il y a des jours ou nous pensions avoir conquis notre Everest : enfin nous pouvions dire que nous étions plus capable d'écoute, de pardon, plus libre face aux questions d'argent ou moins désarçonné devant un revers.  Et puis vlan ! une remarque de quelqu'un qui nous aime vient nous jeter en bas de notre cheval, nous ramene a la case départ. Non, tu n'as pas changé... : c'est en tout cas ce qui résonne en nous, et ça fait mal. Nous nous cabrons au-dedans, souvent distrait au cours de la journée. Le regard des autres nous a ramené a des blessures que nous pensions cicatrisées. Il a dessiné un fossé entre ce que nous découvrons de nous-meme et ce que nous voudrions etre devenu. C'est pas encore ça...

Pour etre capable d'accueillir mes vérités, pour etre persuadé que derriere la gifle il y a un cadeau caché, je me rends compte que j'ai besoin de me rappeler une vérité plus universelle : mes vérités sont provisoires, ce sont des vérités d'étape, et je n'aurai jamais fini de les amener plus loin. Si je réagis si fort a certaines vérités, c'est peut-etre que j'en suis la encore aujourd'hui. Et si c'était aussi un signal du dedans pour me dire que je suis plus pret qu'avant a faire un pas vers ma bonne étoile ? Sans doute le rendez-vous est-il a ma taille pour aujourd'hui.

Refuser de prendre mes vérités comme un stigmate m'appartient : rien n'est indélébile chez nous les humains, sauf notre valeur profonde et notre soif de dépassement. Il y a pire que le mensonge, ce sont les vérités qui oublient de dire l'espérance. C'est peut-etre ça, grandir : rechoisir sans cesse entre les vérités qui tuent et celles qui font vivre. Qui disait qu'un humain, c'est quelqu'un qui a tellement plus d'avenir que de passé ?

*

8 Connaissez-vous la fable du Lapin de velours ?
8 Un tres beau poeme d'Yves Girard : Toi.

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Édité par le site GRANDIR, QUÉBEC
www.sitegrandir.com

N'hésitez pas a reproduire nos textes, en indiquant la source.
v2009-01-03

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