Tenir bon au
TAI  CHI
Des aide-mémoire
par Denis Breton

 

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Mes clefs de pratique du tai chi

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Des variantes pour pimenter sa pratique


Mon témoignage

Vous etes a vos débuts en tai chi et vous doutez de votre aptitude a aller plus loin ? Alors vous auriez du voir ça la premiere fois que j'ai figuré dans une démonstration de tai chi ! 

C'était avec un groupe de ma localité en 1993, dans les premiers mois de mon apprentissage. Mes enfants étaient dans l'assistance. Apres la représentation, ils m'ont fait sentir  ―  et pas a peu pres ! ― que j'étais une sorte de raideur ambulante, rien de moins.  Nous avons bien ri. Mais je me suis attelé avec persévérance, si bien qu'apres plus de dix-huit ans, eux-memes s'étonnent devant ma souplesse. C'est vrai qu'il y a eu du chemin de fait...

Si je parvenais a vous communiquer ici combien j'apprécie d'avoir tenu bon au tai chi, j'aurais ma récompense. J'aimerais vous partager quelque chose de ce plaisir qui me gagne peu a peu  -  de l'autre côté des figures a mémoriser ou des aspects techniques  -  quand j'arrive a entrer en tai chi, je dirais : je veux dire a ressentir de l'intérieur le rythme du mouvement, le flux et le reflux qui m'emporte et qui devient une danse. Et témoigner de cette fierté qui m'a gagné quand au milieu de deux grands deuils émotifs, je me suis aperçu que si j'étais encore debout et capable de sourire au défi, ma pratique assidue du tai chi, matin apres matin, a été un des piliers de mon tiens-bon.

Voici les points d'attention qui m'ont le plus aidé avec le temps. Je les résume a la fin sous forme d'un tableau de bord de vigilance, que je me suis donné a relire occasionnellement au fil de mes séances de pratique.  
 

OUTILS.   J'ai mis au point quelques outils pour me souvenir des figures : ce sont les trois autres pages que vous trouvez dans cette section (voir le MENU). Depuis, je savais toujours ou j'en étais, et j'ai pris confiance que moi aussi j'arriverais a trouver le pas.
 

ÉQUILIBRE.   J'ai eu souvent du mal a me sentir completement en équilibre. J'ai fini par comprendre comment remédier a ça :
- D'abord, mes pieds étaient trop rapprochés en largeur : lorsque je dépose le pied avant maintenant, je l'écarte un peu plus vers l'extérieur.
- Mon tronc était aligné quelque part entre mes deux pieds : je dois l'aligner sur le pied qui supporte le poids du corps, en allant ressentir la hanche qui est en flexion.
- Enfin, j'ai constaté qu'en poussant dans le sol avec le pied d'appui au mouvement, juste au centre d'équilibre situé a mi-chemin entre le bout des orteils et la cheville, je devenais plus stable. 

BALANCEMENT.   Mes séances se sont améliorées quand j'ai mieux compris le principe du balancement d'un pied sur l'autre.

En poussant dans le sol  par exemple au moment de saisir la queue de l'oiseau imaginez pour un instant que vous etes un parent qui veut faire traverser le ruisseau a son enfant : vous l'attrapez avec vigueur au bout de vos bras, puis vous le déposez doucement sur l'autre rive. Il y a une sorte de swing joyeux du corps qui ressemble a ça. J'ai par moments aussi imaginé un dialogue complice entre les deux pieds, qui poussent chacun a son a tour pour se renvoyer le corps !

Si dans le balancement du corps, vers l'avant ou vers l'arriere, je n'arrive pas a pousser dans le sol jusqu'au bout, c'est que la distance entre les pieds est trop grande : je corrige.

 

CONCENTRATION.   Un grand défi au tai chi, comme dans toute méditation, c'est la pensée qui se met a trotter toute seule. On en arrive a oublier quelle est la prochaine figure. Que faites-vous dans ces moments-la ?

Chacun finit par trouver ses solutions. Pour moi, voici ce qui m'a aidé le plus pendant un certain temps :
- Ressentir ce qui se passe dans mon bras, dans ma jambe, dans ma hanche... Me ramener a ce contact du corps par l'intérieur, considérant chaque mouvement comme unique

- Conscientiser le mouvement.  Je me sens par moments comme un musicien qui voudrait arriver a jouer sa mélodie tout haut plus clairement qu'il ne la possede a l'intérieur de lui : impossible ! Il lui faut revenir a conscientiser chaque note distinctement, comme moi chaque parcelle du mouvement de tai chi  − pour y arriver, je dois forcément ralentir.

- M'ancrer au sol.   Quand tu es trop dans ta tete, c'est que tu n'es pas assez dans tes pieds me disait un vieil ami. Ça s'applique comme un gant au tai chi. Je redeviens conscient de pousser dans le sol avec le pied d'appui.

- Savourer quelque chose.  Par exemple prendre plaisir a entrer dans le rythme de Mouvoir les mains comme des nuages, ou a m'abandonner dans le mouvement de Saisir la queue de l'oiseau... Et la, c'est le mouvement qui se ralentit de lui-meme.

Le centre de mon attention a changé selon les matins, d'apres mon humeur. Mais une chose n'a pas changé : quand je me prends en flagrant délit de déraper dans les pensées, je me fais un clin d'oeil indulgent, puis je passe avec coeur au prochain mouvement.

GENOU.   Je me suis fait mal au genou droit en faisant la figure  Mouvoir les mains comme des nuages . . Des craquements m'alertent, il faut que je sollicite moins le genoux fragilisé.

Dans cette figure au tai chi, j'ai senti qu'il me fallait, en plus de ne pas trop m'accroupir a droite, relâcher la tension dans la jambe droite avant de pousser avec mon pied dans le sol pour relancer le corps vers la gauche, et a ce moment écarter bien les jambes : ceci permet de garder les pieds alignés devant soi sans trop solliciter le genoux droit, celui de la jambe qui fait la poussée. Il faut que ce soit le pied arriere, et non le genou, qui encaisse la poussée vers l'avant.

En cherchant a solutionner cette douleur, j'ai mieux compris que le genou devient analogue au cardan d'une auto, quand on cherche en meme temps a tourner et a accélérer. L'auto est conçue pour ça peut-etre, mais pas le corps humain. J'ai alors compris que je ménageais la santé de mon cardan (ici mon genou) lorsqu'au milieu du mouvement je relâche tous mes muscles.

Prenons une autre figure ou le meme phénomene se produit. Supposons que je fais une variante de la figure Effleurer le genou (bloc de figures 7 a 11), dans un mouvement continu de l'arriere vers l'avant. La poussée du pied arriere fait se relever le corps et tourner le bassin : le tronc s'aligne vers l'avant. A ce moment je relâche tous mes muscles, avant de pousser dans le sol avec le pied arriere et de lancer les bras vers l'avant. Ce relâchement musculaire n'a duré qu'une seconde, ça ne s'est pas vu... mais mon genou m'a dit merci !
 

ALIGNEMENT. J'ai pris conscience de quelque chose a la longue, quand j'ai eu ce mal de genou : souvent, ça provient  du fait que je demande un effort a la jambe sans au préalable m'etre bien aligné avec le pied : c'est alors que mon genou souffre. Lorsque j'espace les séances, ajouté au fait de prendre de l'âge, mes articulations perdent de la flexibilité. C'est alors que je constate l'importance de la poussée dans le sol et de l'alignement correct aligné avec le pied de la jambe fléchie. Devenir conscient de tourner correctement le bassin avant d'avancer le corps vers l'avant m'aide beaucoup a cet alignement.
 

HANCHE.  J'ai longtemps cru que l'appui sur la jambe fléchie devait se faire en s'assoyant le plus bas possible sur cette jambe. Je m'en faisais secretement une gloire quand je me comparais aux autres dans le groupe... Pour réaliser, des années plus tard, que c'est eux qui avaient raison ! Je n'avais pas compris qu'il s'agit non pas tant de s'asseoir bas que de faire pivoter la hanche autour du bassin - ce qui se fait naturellement si je pousse dans le sol avec le pied opposé.
 

TRANSPOSER.   Quand j'ai mieux compris une figure, je me suis pratiqué a appliquer ce que je viens de saisir aux autres figures du meme type. J'ai eu le sentiment de progresser alors plus rapidement, et l'ensemble de ma pratique a acquis plus d'unité.

Ce que j'ai compris dans la figure Mouvoir les mains comme des nuages  me fournit un exemple de ça. J'ai entrepris de l'appliquer a tous les mouvements ou il y a projection du corps vers l'avant ou de côté. A chaque fois qu'un mouvement me fait pousser du pied dans le sol, une fraction de seconde apres, je relâche toutes les tensions dont je n'ai plus besoin.
 

VERTICALE.   Durant toute la séance, je me ramene quelquefois a  jouer a Guillaume Tell : j'imagine que j'ai une pomme sur la tete ou que j'ai sa noblesse, ce qui m'aide a garder la position bien verticale.

SE DONNER UN BUT.   Le fait de me donner un but pour la séance  m'a a certaines périodes beaucoup aidé. Un matin, je portais attention a bien aligner le torse avec le pied en flexion. Le lendemain, je prenais plaisir, par exemple, a entrer dans un rythme, a devenir comme la vague qui s'abandonne au loin puis revient sur le rivage. Et le surlendemain j'essayais de gouter chaque parcelle du mouvement, comme autant de bouchées d'un gâteau savoureux dont ne ne voudrait pas perdre une miette !

Ceci prend de l'importance a mesure que j'ajoute des années a la pratique.  Car un piege nous guette, celui d'enchaîner machinalement les figures, tandis que le mental (le lamentable) part vagabonder dans ses pensées. En plus d'introduire de la variété dans ma pratique, le fait de me donner un but m'a donc aidé a ramener mon esprit a ici et maintenant. Lorsque je constate que suis rendu ailleurs dans ma tete, oups ! je m'exerce a entrer dans mon corps pour mieux le ressentir a nouveau.

 

DISCIPLINE.   Je tends a commencer ma journée avec le tai chi.  Le fait de faire ma pratique chaque matin et souvent vers la meme heure envoie un signal a mon organisme: c'est une priorité! Je m'y mets plus spontanément et ça m'aide a persévérer.  Je constate aussi que lorsque je m'y mets peu de temps apres le lever, avant d'entreprendre ma journée, je me laisse moins emporter par toutes sortes de préoccupations qui fatalement, alors, me font reporter la séance au lendemain. Je crois aussi que mon organisme développe un réflexe : il en arrive a attendre le tai chi au lever comme mon chat attend sa nourriture !

Lorsque je manque de temps, j'essaie de faire au moins la premiere partie, ou tout au moins les exercices de réchauffement. Ou encore je me rattrape en fin de soirée, pour garder le rythme quotidien, ce qui alors me permet de me vider la tete avant d'aller dormir.
 

SOURIRE.   J'ai compris que d'installer un sourire sur mon visage, malgré que je garde la bouche ouverte, me disposait intérieurement. Elle fait de la séance un moment agréable. Pour moi, le fait aussi de me mettre en communion intérieure avec les Forces de la vie, comme si mes gestes devenaient un hommage a Plus-grand-que-moi, ajoute aussi a ma paix intérieure, et du coup sans doute, a l'harmonie du mouvement.

 


ABANDON.   Cette poussée dans le sol d'un pied, puis de l'autre, doit etre précédée et suivie d'un abandon de tout le corps. Laisser aller les muscles dont je n'ai pas besoin, relâcher toute crispation, avant de relancer le mouvement. Croyant bien faire, j'ai longtemps eu tendance a pousser dans les bras, comme si quelqu'un me les tirait devant, ce qui entretenait une certaine raideur. Je me faisais meme une gloire de pousser plus loin le mouvement que d'autres a qui je voyais le faire... pour m'apercevoir aujourd'hui que c'est eux qui avaient raison : l'important n'est pas d'aller le plus loin possible dans le mouvement, mais de nous connecter intérieurement le plus possible avec le corps qui se donne dans le mouvement. De plus, dans le mouvement de s'abandonner sur la hanche qui fléchit, on risque moins de forcer et de se faire du mal.

On pourrait comparer ce mouvement a la respiration, avec son alternance d'inspiration et d'expiration. Par moments, ça devient... je manque de mots ici pour dire le plaisir que j'éprouve a me représenter comme une vague sur la mer, qui se gonfle un moment au large, puis s'abandonne sur le rivage. Si bien qu'il m'arrive de ne plus savoir tres bien laquelle de la détente ou de la poussée est venue en premier !

D'ou l'intéret de cette consigne, si souvent répétée par nos guides : au-dela des 108 figurations, imaginez que vous devenez un seul grand mouvement  -  un mouvement rythmique, comme celui du coeur ou de la mer sur son rivage. Du coup, on constate par apres que l'ensemble a pris une grande fluidité, une réelle élégance.

Mais attention ! si on n'est pas déja tres souple, mieux vaut ne pas trop demander d'assouplissement a la hanche d'un seul coup : y aller progressivement sur plusieurs séances. C'est la que l'abandon se révele plus judicieux que la pression a coup de volonté.  

NATURE.   J'ai beaucoup augmenté mon plaisir de la séance du matin en la faisant dehors, d'abord l'été, et lorsque possible l'hiver. Le soleil qui se leve, les oiseaux qui chantent déja... En été les parfums du matin ou le plaisir d'avoir les pieds nus dans l'herbe... En hiver la luminosité et le silence de la neige... - ça me vaut tous les ermitages! 

Bien sur, ça m'a pris un certain temps a ne pas me préoccuper du regard des passants. Je le prends comme une occasion de renforcer ma centration. Et puis, si des passant prennent plaisir a tourner la tete... je leur fais cadeau du spectacle! Apres tout, c'est comme ça que moi-meme j'ai été séduit par le tai chi...

 

GROUPE.   La pratique en groupe et la pratique en solo m'apparaissent avoir chacun leurs avantages. Bien que depuis quelques années je pratique seul, quand je le peux je m'offre le cadeau d'une pratique en groupe : j'y retrouve a chaque fois une force, une sorte de magie que je ne voudrais pas perdre. Elle permet de corriger le tir et de s'entraider, en plus d'entretenir la motivation a persévérer.

Je trouve aussi intéret a faire de temps en temps une séance a deux, ce qui permet d'approfondir en fonction de besoins plus spécifiques a chacun.

Ceux qui peuvent enseigner le tai chi a leur tour ont l'occasion d'aller plus loin encore, car je crois a la maxime Tu enseignes le mieux ce que tu as le plus besoin d'apprendre .

A ceux qui pratiquent seulement en groupe, je recommanderais de faire une place a la pratique individuelle entre les rencontres. J'ai cru constater que bien des gens qui ne comptent que sur la pratique de groupe sont tentés d'abandonner apres quelques mois. Serait-ce parce qu'ils ne nourrissent pas le besoin de se positionner personnellement face a la discipline du tai chi?

Si on ne veut pas avoir le sentiment de plafonner, je crois qu'il nous faut trouver des reperes de plus en plus intérieurs, ce qui demande de ne pas craindre d'aller au désert de la pratique en solo. Il y a la un chemin d'appropriation personnelle du tai chi, sur mesure ave soi. Pour moi, j'y ai trouvé de quoi consolider ma motivation a un niveau plus profond encore.


DURÉE DE L'EXERCICE.   Je présume que la plupart des gens sont portés a aller trop vite. Ah! ces Occidentaux... Je suis sans cesse confronté a ce défi, meme apres 19 ans de pratique.

La démonstration de l'enchaînement que nous donne Maître Lin-shin Moy sur Youtube dure environ 13 minutes. [Il se peut qu'elle ait été retirée d'en ligne]. J'ai connu Maître Moy. J'admire sa maîtrise et l'intégration qu'il nous démontre. Est-ce pour autant le modele a suivre? Lorsque je me rappelle les formations que j'ai suivies avec la Société de tai chi taoiste, avec des guides formés par Maître Moy, ou lorsque je visionne l'enchaînement présenté par certains Asiatiques dans Youtube, je me dis que Maître Moy dans cette vidéo a adapté sa prestation au contexte occidental; et aussi qu'il a voulu proposer un standard de base, un degré d'exigence moyen, afin d'encourager le nouvel adepte dans sa capacité d'y arriver. C'est ce que j'ai retenu de Maître Moy quand j'ai eu l'occasion de vivre une séance avec lui.

Si nous persévérons, je crois que nous sommes appelé, chacun, a amener l'exercice encore plus loin, par exemple dans la lenteur des mouvements, le rythme, l'étirement du corps dans certaines figures, ou encore dans le sourire qui ajoute le plaisir a la concentration.

J'ai trouvé une premiere astuce pour ralentir : j'imagine par moments que je suis un petit train a crémaillere qui avance dans la montagne ou dans un manege, toujours avec la meme cadence, peu importe qu'il monte ou qu'il descende.

J'en ai trouvé ensuite quelques autres, que vous aimerez peut-etre essayer. Des que j'ai tendance a accélérer le mouvement, je m'applique a déplacer le moins d'air possible, comme un parent qui entre sur la pointe des pieds dans la chambre de son enfant endormi : radical !  Si vous chronométrez votre séance, vous verrez peut-etre qu'elle s'est allongée de deux bonnes minutes. J'ai aussi trouvé efficace d'ajouter une seconde aux moments ou on s'abandonne a la fin des mouvements.

Je constate en fait qu'il me faut réagir a l'impression de perdre du temps. Car si le tai chi est une méditation, une prise de conscience du corps dans le mouvement, il doit etre un contact avec l'instant présent. Alors, j'essaie de prendre contact avec la moindre parcelle du mouvement pour la savourer, quelquefois en imaginant que ça pourrait etre la derniere fois que je me fais cadeau d'une séance de tai chi. J'observe alors que mon mouvement se ralentit. Et je découvre peu a peu qu'il s'agit moins de prendre plus de temps, que de choisir délibérément de sortir du temps. Quand on fait d'un instant une éternité, ça dure un peu plus
longtemps...

Oui, quelque chose de crucial s'installe peu a peu si on a persévéré. J'en ai parlé au tout début de cette page : a mesure que je découvre le plaisir de ressentir dans le mouvement un rythme de flux et de reflux, comme si j'étais une vague sur la mer, que j'arrive a communier de l'intérieur a ce rythme qui m'est bien personnel, il se passe progressivement quelque chose d'intense. On dirait que la variété des points d'attention sur lesquels je me suis fixé tour a tour durant des années pour rester centré (ressentir, ralentir, pousser dans le pied,...) finit par s'intégrer pour devenir un seul point : un bercement hors du temps... La séance est devenue une danse.

Apres coup je me rends compte que je n'ai pas eu a porter attention a plein de choses, qu'il s'agit surtout de savourer... et de remercier la Vie de cet instant magique. Car il est celui d'un danseur ou d'une patineuse artistique, qui apres longtemps, longtemps de pratique de ses figures, en arrive a les oublier et a communiquer cette magie d'etre en danse. Une récompense qui n'a pas de prix, pour avoir tenu bon jour apres jour, année apres année.

DE RETOUR A MA 'VRAIE' VIE

Il m'est venu plus récemment l'envie de cultiver un nouveau point d'attention. En terminant ma séance, j'essaie de faire durer le plus longtemps possible ma qualité de contact avec ce qui est la  -  que ce soit la vaisselle que je me mets a laver ou un sentiment qui monte de l'intérieur. J'essaie de prolonger l'état méditatif du tai chi sans me précipiter sur la radio ou sur la premiere tâche a ma planif du jour.

Des effets au dehors...

J'ai constaté avec bonheur que quelque chose traverse ma pratique du tai chi pour rejoindre ma façon courante de bouger dans l'espace, de marcher sur la rue.  L'habitude de m'agripper au sol au point d'équilibre du pied passe a mon pas ordinaire et lui donne une sorte de mordant. Comme mes genoux se débarrent automatiquement, je marche moins sur les talons, avec comme résultats moins de secousses pour la colonne et un meilleur équilibre physique, par exemple quand je marche sur la glace l'hiver. Au total, je ressens un mélange de force et de souplesse, qui devient un sentiment de sécurité intérieure.

...et au dedans

Au fil des années, ma séance de tai chi est devenue autre chose qu'une gymnastique qu'on s'impose pour rester en forme. C'est certain qu'elle apporte beaucoup pour l'assouplissement ou la circulation sanguine, pour l'équilibre ou pour la prise de force dans les jambes. Mais peu a peu, on constate qu'elle devient une méditation en mouvement.

A mesure que le corps prend le relais dans la mémorisation de l'enchaînement, nous devenons plus libre pour savourer la joie d'etre vivant, présent a ce qui nous entoure ou nous traverse. Il vous arrivera surement vous aussi, au cours d'une séance et a force de persévérer, de vous surprendre a entrer dans la beauté de la vie, dans la sensation d'en faire partie... L'idée que tout est Un devient alors plus palpable et plus séduisante.

Bonne pratique ! 


Denis Breton


J'ai eu envie de résumer ici le meilleur de ce que j'ai appris sous forme d'un tableau de bord. Il réunit mes reperes clés, ceux qui m'aident a corriger le tir au fil de ma pratique. Par périodes, il m'arrive d'en choisir un comme fil conducteur de ma séance.
 

 

Mon tableau de bord
Résumé de mes cibles de vigilance

Un sourire sur le visage!

L'écartement des pieds,
latéral et en longueur

La posture verticale,
comme si j'avais une pomme sur la tete

La qualité de flexion de ma hanche

Le pied d'appui pousse dans le sol,
a partir du centre d'équilibre

J'aligne le tronc et le regard avec le pied
correspondant a la hanche en flexion

A mi-mouvement, je détends les muscles
dont je n'ai pas besoin.

Au bout du mouvement, je m'abandonne
dans la hanche fléchie

J'adopte la lenteur rythmée
du petit train a crémaillere

Un seul grand mouvement continu

 Distrait par les pensées?
Je retrouve le ressenti du corps.
Je savoure chaque parcelle du mouvement

Une séance quotidienne,
a peine de ne faire qu'une partie de l'enchaînement.

 

Des variantes, pour pimenter sa pratique

    Pratiquer le tai chi l'hiver
    Faire sa séance sur un tapis de neige est une expérience ennivrante, spécialement s'il fait soleil : l'air est pur, la neige elle-meme a quelque chose de purifiant, de pacifiant.

    Vous aimerez peut-etre porter des lunettes fumées ...et vous habiller chaudement !


    Le tai chi - communion

    Vous etes adepte de la priere ou de l'échange énergétique ?

    Vous aimerez faire l'expérience de combiner votre séance avec l'envoi d'énergie a quelqu'un que vous aimez, ...ou que vous n'aimez pas assez.
    Le ressenti des mouvements peut vous aider a ressentir cette affection.
    Il s'agit de mettre a profit le double mouvement d'éloigner une main du corps et de la rapprocher, fait a la hauteur du coeur.
    Quand une main s'éloigne de vous, vous vous laissez habiter par l'intention qu'elle envoie de la tendresse a la personne. Quand une main revient vers votre corps, vous la remerciez de ce qu'elle a apporté a votre vie.

Vous avez expérimenté ces variantes ? Vous en avez d'autres a proposer a nos lecteurs ? Faites-nous part de votre expérience...


Témoignages reçus


Déja 5 ou 6 ans que je pratique le tai chi. C'est devenu un mode de vie chez moi. Tous les jours, je vis mon enchaînement. C'est un cadeau que je me fais.

Effectivement, je crois aussi que [dans la vidéo] maître Moy a "réduit" a sa plus simple expression l'enchaînement pour les besoins de la cause.

Il m'est maintenant tres difficile de faire la série de 108 mouvements en bas de 25 minutes, voire 30. La méditation et le qigong m'ont aidé, je crois, a ralentir.

Selon moi, plus l'enchaînement est lent, plus on récolte de bénéfices : relaxation, étirement, équilibre physique et mental, etc.

A tous mes éleves (je suis maintenant aide-instructeur) je dis toujours qu'il faut se baser sur la regle des trois "P" :


Persévérer
dans la Pratique
avec Patience.

Michel Désormeaux, Mont-Laurier, QUÉBEC  (2013-12)



Je fais partie d'un groupe de tai chi depuis cinq ans. Je me dois d'etre assidue et fidele, sinon je relâche ma pratique. Je m'aperçois aussi que ma pensée taoiste se développe avec le temps : mouvements, marche détendue, forme physique.

Luce (2010-10)


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Édité par le site GRANDIR, QUÉBEC
www.sitegrandir.com


N'hésitez pas a reproduire nos textes, en indiquant la source.

v2014-12-07

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