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Permettre
a la vie de m'aimer
Par ou commencer ?
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On ne peut arriver a se faire
aimer.
Ce qu'on peut faire c'est accepter d'etre aimé *
*
Deux pieges
Dans ces temps de grands
changements, les uns sont tentés de se replier sur eux-memes et de sauver leur
peau ; les autres de s'atteler a régler tous les problemes du monde, avec
le sentiment croissant d'un poids trop lourd pour leurs épaules. L'égocentrique
et le sacrifié ont une chose en commun : l'un tout comme l'autre
manque de cette confiance que la vie est par nature bienveillante et qu'il
est en sécurité profonde, a longue portée. Le sauve-ta-peau se dorlote ou se protege, le
sauveur-triste se fouette ou se punit. Chacun vit a moitié.
Aimé, aimable
J'ai été l'un, j'ai été l'autre,
si souvent ! Comment dépasser ces deux pieges ? j'ai cherché. La
petite phrase Aime
ton prochain comme toi-meme m'a toujours fasciné, comme une sorte
d'Everest a conquérir. En meme temps son ton d'exhortation me laissait
prudent : je voulais me défaire de tout ce qui sent le moralisme, le volontarisme.
Une autre phrase
m'avait aussi tourné dans la tete : L'enfant vient a aimer
naturellement s'il se sent aimé . Cette vision des choses me
rejoignait naturellement, je la savais vraie, je l'avais vérifié tant de fois
avec mes enfants.
Mais si un enfant n'a pas connu d'etre aimé a la mesure de sa soif ?... Si on
est tous égaux, il y en a qui semblent plus égaux que d'autres... Je
restais perplexe.
Et puis un jour j'ai eu le
sentiment d'avoir une vraie poignée : enfin !... Une sorte
de vision de comment peut bien fonctionner la vie a l'horizon de mon
questionnement. J'étais ce pecheur qui avait échappé tant de poissons a l'eau,
et cette fois je tenais le mien. Je me suis formulé ainsi la vision qui
s'imposait a moi
(et plus tard elle est devenue une histoire,
qu'on trouve au
Feuillet 41)
:
Je n'ai pas tant a me
soucier de m'aimer ou d'aimer,
qu'a permettre a la Vie de m'aimer.
J'ai a me reconnecter a l'état
d'esprit de l'enfant qui se sait aimé.
Si je suis fait
pour aimer, ça se fera par trop-plein, naturellement. |
Pour certains ça fera
évidence; pour moi c'était une découverte,
une petite révolution dans ma vie. En meme temps j'étais conscient du
paradoxe : c'était une réalité si simple a comprendre, mais peut-etre qu'il
nous faut toute une vie pour la concrétiser ? C'est un peu long a mon gout,
sauf que je crains moins d'avoir a marcher
longtemps si j'ai la conviction d'etre sur le bon chemin.
Comment en arriver a
la conviction que la vie est par nature amoureuse, et alors
m'abandonner a lui faire confiance ?... Ou trouver des bases solides
pour y croire ? Dans la science ? Elle observe, mais ne peut rien
dire sur le sens, sur l'intention de la vie. Dans l'expérience des
peuples, alors ? Dans quelles écoles enseigne-t-on aux enfants que
l'amour est ce qu'il y a de plus efficace ?...
Non, c'est ailleurs que
je devais m'appuyer. Il y a eu d'abord pour moi le témoignage de gens
qui m'ont marqué. Des gens que j'ai vus vivre en amoureux : l'un dans
son couple, un autre avec ses enfants, un autre encore dans un service
aupres de gens démunis. Ces gens, pourtant souvent tres occupés, se sont
arretés pour m'écouter, ils m'ont révélé ce que j'avais de beau, ils ont
cru en moi. Il ne m'en fallait pas une tonne. Un seul seul suffisait a
m'énergiser, a me faire croire que la vie ne pouvait pas etre moins
amicale que la meilleure de ses créatures humaines. C'était pour moi un
premier pari.
Et puis,
j'ai cherché a aller le plus loin que je pouvais dans cette logique. J'ai
parié que la Source premiere de ma vie
m'avait créé pour le bonheur. Ah, peut-etre aussi pour apprendre, ou
pour apporter moi aussi quelque chose au monde. Mais avant tout pour
le bonheur, et qu'Elle ne m'aurait pas
créé sinon. J'ai donc le droit d'etre heureux, et je
peux compter sur Sa tendresse, comme un enfant est en droit d'attendre
de ses parents qu'ils lui donnent le nécessaire.
C'est allé
plus loin. J'ai ensuite fait le
pari que la Vie ne faisait que des chefs-d'oeuvre, et qu'alors Elle
m'avait fait
magnifique au départ. Et puis, que si Elle était capable de faire la
variété de vie que je constate dans la nature et sur touts les
continents, si elle était capable de fabriquer des milliards de flocons
de neige sans qu'aucun ne soit pareil aux autres, Elle était bien
capable de m'avoir fait moi aussi unique, irremplaçable sans doute.
Bien sur, a me regarder, je n'avais pas de mal a croire que la Vie
faisait ses créatures a l'état évolutif !
Aimé, aimable : voila ce que j'allais
considérer comme mon ADN essentiel,
les fondations de ma maison. Aimé et aimable quoi que j'en fasse par
apres, quoi qu'en pensent les gens, quoi qu'il m'arrive.
C'était un pari, oui. Mais chaque jour depuis ce moment semble me
confirmer que c'est le bon, et que c'est le seul qui tienne bon.
(j'ai réfléchi la-dessus au
Feuillet
14 : Ces gens que personne ne peut sentir).
Mon rôle, alors ?
Avec cet état d'esprit, le jeu
change. Mon affaire, ça devient me disposer pour que l'amour qui est le tissu
meme de la vie, m'atteigne. Repartir sans cesse de cette vision, pour patiemment
réinventer les façons d'ouvrir mon canal
―
surtout quand ça va mal.
Chose difficile, quand
j'ai si souvent appris a partir de mes problemes. J'ai de si bonnes
raisons d'etre victime, mon histoire est cousue de blessures héroiques
! J'ai mis du temps a réaliser, pourtant, que lorsque je me mets dans
cette disposition d'esprit, je ne
fais que mettre des bâtons dans les roues a la Vie, je fais des noeuds dans le
boyau, puis j'enrage que l'eau de la vie me manque. Comment pourrait-elle
m'atteindre, me traverser ? Pendant ce temps, les solutions
attendent, attendent que j'ouvre ma porte...
La Vie n'a pas grand
chose a faire
avec mes problemes, que du compost. Bien sur, j'ai besoin de temps
pour crever l'abces, me mettre en vérité, cracher ce qui fait mal. Mais
plus vite je rechoisis la terre ferme plutôt que de patauger dans le marécage
des émotions, plus vite la Vie peut me tendre une passerelle. Elle était souvent
déja la, mais moi je ne la voyais pas. Et ça, c'est a ma portée
aujourd'hui, dans cet instant.
D'autres me l'avaient dit
J'avais de solides points d'appui
a mon pari. J'ai souvent repassé dans ma tete le message tant répété par le Rabbi de Galilée, vieux de 2000
ans : Vous avez un Pere qui vous aime, vous etes ses fils. .
Plus pres de moi, j'ai vibré tres fort a cette clé que nous offrait mere Teresa,
qui avait l'air d'aimer comme elle respirait : Moi je m'occupe
des laissés-pour-compte, la Vie s'occupera de mes besoins. .
J'ai aussi été sensible au message trouvé dans plusieurs
sagesses anciennes : si quelqu'un s'applique a découvrir sa mission
de vie et qu'il s'y engage, une multitude de forces se mettront en branle pour l'aider
a l'accomplir.
J'ai dit que tout ça était de
l'ordre du pari. Mais quand j'y regarde bien, c'est vrai aussi pour chacun de
mes choix, chacune de mes amours. La vie est risque ―
mais quel beau risque !
Depuis...
Depuis que j'applique ce
pari, des noeuds se défont. Mon plaisir de vivre grandit, meme quand j'ai les
coudes écorchés. Le plaisir de me mettre en
service aussi, pourvu que le coeur chante. Oser me considérer magnifique par
nature, sans avoir a faire des courbettes pour que d'autres y croient, me fournit une sécurité, une
énergie que je n'avais pas. Je me découvre plus libre face aux gens :
je m'offre, par contre je refuse de me sacrifier. Meme mon entourage me le
reflete : des gens se mettent a voir ce que j'ai de meilleur... et souvent
m'y ramenent quand moi je l'ai un peu perdu de vue.
Par ou commencer ?
Au panorama MON
TROUSSEAU DE CLEFS,
ou j'essaie de traduire de façon pratique certaines prises de conscience, je
me suis mis au point un petit exercice de centration, que j'ai appelé
Mes
4 Sages.
On y retrouve quelque chose de l'état d'esprit que j'ai voulu partager
ici, avec l'intention de l'ancrer dans le quotidien.
Pour conclure
C'est Martin Gray qui
écrivait :
Il y a toujours
une chance pour qu'un homme soit meilleur qu'il n'y paraît. Il faut trouver
dans l'homme le chemin qui conduit a sa source profonde. Il faut l'aider a le
faire renaître. Alors un homme surgit. Le véritable. Car l'homme, s'il est lié
au passé, est aussi un avenir. (Le livre de la vie
**)
Et si cet homme, c'était moi
?... Et si la vie me
comblait a la largeur ou j'ouvre ma porte ?.
S'installe en moi une
certitude :
le bonheur, ça se choisit, et ça se pratique.
Christophe Élie
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L'ALLUMEUR
DE RÉVERBERES
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