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JUGEMENT DES AUTRES
La tension monte dans notre
relation. Chacun absorbe... rumine... Puis l'orage éclate. Nous nous
faisons des reproches, ne savons plus comment nous en sortir sur le
moment. Et peut-etre allons-nous rester plusieurs jours sans savoir
comment nous rapprocher. Que s'est-il passé ? Pourrions-nous faire
autrement la prochaine fois ?...
Quand je regarde un peu mes relations ou la
tension a duré apres l'orage ―
par exemple avec ma conjointe
― je constate que c'étaient des moments
ou nous nous sommes fait des reproches, nous avons parlé de la tete a la
tete, et meme de l'armure a l'armure, plutôt que de parler du coeur au
coeur. L'un des deux s'est senti jugé : tu es trop comme ci...
pas assez comme ça... ; il s'est
senti
figé : tiens, tu as encore... , étiqueté en termes de bien ou de mal;
ou encore il s'est senti mis en comparaison : moi vs toi, toi vs untel. Si un couple
ou deux personnes proches réalisent cette dynamique, ils peuvent faire
un pacte a deux ou la prochaine fois chacun dira le sentiment qui
monte, parlera de son émotion plutôt que de formuler un jugement.
Car le sentiment vient du coeur, il est sincere comme un enfant qui
parle, c'est la douleur a l'état pur. Le jugement passe par la tete, il
est travaillé, bourré d'interprétations déja.
Mais pour arriver a
dire son sentiment, il faut d'abord s'y connecter : ce pacte a deux
appelle donc, l'instant d'avant, un pacte avec soi-meme : se
connecter chacun a l'émotion qui est montée, reporter tout jugement pour
plus tard. Et ça demande de tenir bon meme si l'autre n'est pas encore
rendu la de son côté, d'oser lui donner le temps nécessaire. Peu a peu, l'autre
devient plus disposé a m'écouter et arrive a entendre mon émotion, et donc
a marcher dans mes souliers ―
ce qui ne s'était pas fait, peut-etre, depuis un bon moment. Moi-meme,
je me sens compris, j'ai plus envie de lui donner sa chance. Bien sur,
ce pacte autour de l'émotion ne peut se
faire que lorsque la poussiere est retombée, quand la longueur d'ondes
est redevenue paisible. C'est plus tard que les fruits commenceront a
apparaître.
Peu a peu, chacun découvre comment aborder l'autre d'une façon qui apaise le feu
émotif plutôt que d'y mettre de l'huile. Du coup, il devient moins
défensif face a l'embuche mutuelle, pressent que s'il survient une
nouvelle tension, elle n'est pas dangereuse. Et meme qu'elle n'est pas
la pour rien : nous avons la capacité d'en faire une occasion de nous aider mutuellement a grandir.
Si on prend l'image de la
spirale, nous avons réussi ensemble a monter d'un tour.
Le cercle vicieux redevient un cercle
précieux. D'un reproche, nous avons fait un re-proches.
- MARCHER DANS SES SOULIERS UNE
LUNE...
La réflexion qui précede m'a servi et meme amené plus loin, par
apres. C'était au sortir d'une rencontre de groupe ou l'échange avait
été difficile entre moi et un autre participant − appelons-le Gérald.
J'étais reparti meurtri, avec le sentiment d'avoir été incompris par
lui, et meme traité injustement. C'était d'autant plus important a mes
yeux, que Gérald est un ami de longue date et que le sujet de notre
mésentente avait une grande importance pour moi. Durant des heures, j'ai
eu du mal a me concentrer sur mon travail, habité par la tristesse et le
reproche.
Alors j'ai résolu de casser cet état émotif. J'allais pousser le plus
loin que je le pouvais l'effort de voir les choses a la façon de Gérald.
Seul dans le silence, je me suis d'abord mis dans la meilleure condition
possible, physiquement et intérieurement. J'ai alors imaginé que je
m'adressais au groupe et j'ai entrepris de présenter aux gens ce
qu'était l'état d'âme de Gérald : Moi, Gérald, je... J'ai pu
ainsi faire le tour de tout ce que Gérald avait cherché a apporter de
bon a la rencontre et des raisons qui l'appuyaient, celles qui étaient
légitimes a ses yeux. Tres vite, je me suis senti réconforté, et la
crainte que dans la suite tout ça tourne au vinaigre s'est aussi
désamorçée en moi.
Dans ce petit exercice intérieur, j'appliquais sans me le dire le
principe amérindien millénaire, qui enseigne qu'on ne peut comprendre
quelqu'un qu'apres avoir marché une lune dans ses souliers. C'est aussi
le principe actif de la médiation de couple, qui a fait ses preuves
depuis longtemps : devant une personne bienveillante et neutre, chacun
des partenaires est invité a dire jusqu'au bout ce qui monte en lui,
puis a écouter jusqu'au bout ce que l'autre va exprimer a son tour.
Mais je réalisais intuitivement qu'on pouvait rendre l'exercice plus
bénéfique encore. En disant Moi, Gérald, je... , l'exercice
était pour le moment mené seul avec moi-meme. J'étais déterminé a
marcher dans ses souliers, a lâcher prise sur ma propre frustration. Si
l'exercice était fait en groupe, Gérald pourrait constater mon
engagement a le comprendre plutôt qu'a le juger. Ensuite, il serait a
meme de voir si je l'ai bien compris. S'il sentait le besoin de
reformuler certains aspects pour pour etre mieux compris encore, il en
arriverait du meme coup a mieux se comprendre lui-meme. Car lorsqu'on se
débat avec le sentiment d'etre incompris, nos émotions deviennent comme
une toile d'araignée ou on s'emmele soi-meme. J'étais convaincu que le
meme exercice pourrait aussi bien etre fait dans mon couple, lorsqu'il
nous faut dénouer une impasse émotive, et sans qu'il soit besoin d'un
médiateur externe.
Pour revenir a mon ami Gérald, je lui ai écrit un mot peu de temps
apres avoir fait mon petit exercice. Je n'ai pas eu de ses nouvelles
encore, mais je mettrais ma main au feu que mon geste va l'avoir touché,
et que du coup nous allons etre tous les deux sur un bien meilleur pied
pour faire progresser la prochaine séance de travail.
Pourquoi sommes-nous capable
de voir les pire tensions s'exprimer a la télévision ou dans un film sans
etre tout remué intérieurement ? Parce que nous sommes détaché de
ce qui arrive a l'autre : c'est sa vie, ce sont ses
émotions.
Dans mon quotidien familial, au travail, quelle différence ! Un proche entre
en colere : ça me concerne forcément... ai-je le réflexe de me dire. Vite je cherche a a me
justifier, essayant de raccorder les choses. L'autre grimpe de plus
belle dans les rideaux... Et je constate que sa colere monte encore...
jusqu'a ce qu'il ait entendu de ma part quelque chose qui lui dise enfin
je t'ai compris . Ah, c'était simplement ça... J'ai raté l'occasion, je l'ai pris
personnel .
Notre défi est ici de refuser momentanément de nous impliquer par émotion.
Dans notre tete, déja, réagir par un Qu'est-ce qui lui arrive ? plutôt
que par un Qu'est-ce que j'ai fait de pas correct ? C'est donc
de faire la différence entre ce que l'autre éprouve et ce qui pourrait me
concerner, en lui laissant la charge de son émotion plutôt que de me
précipiter pour la prendre sur moi.
Pour vous aider, essayez cette petite clé :
pendant un moment, vous faites comme
si l'autre vous faisait une confidence qui n'a rien a voir avec
sa relation avec vous. Votre réaction a ce moment n'est pas si différente
de celle qu'aurait un consultant, un psychologue
qui écoute avec détachement. Ou encore, si la réaction de l'autre vous
paraît immature, imaginez que vous avez affaire a un enfant capricieux.
Vous aurez peut-etre spontanément la réaction de lui répondre : dis
donc, veux-tu bien arreter ton cirque ?...
Que se produit-il alors ? De votre côté,
vous venez de respecter votre intégrité personnelle. Vous avez regardé
l'autre pour lui-meme, dans son jardin a lui. Du fait que vous avez
manifesté une indépendance émotive dans la situation, l'autre se sentira
moins justifié de vous blâmer. Non seulement parce que vous n'avez pas
ouvert la porte a prendre sur vous son émotion (l'autre a été obligé de
garder ses poubelles dans sa cour). Mais c'est justement parce que vous ne
l'avez pas fait que sa charge émotive va se dégonfler : une personne qui
entre en instabilité émotive, en colere ou autrement, a besoin de trouver
devant elle un répondant stable, solide sur ses pieds : ça la sécurise
face a sa propre émotion. Sinon, simplement par insécurité, elle sera
portée a s'enflammer davantage.
Par la suite, bien entendu, vous aurez a
regarder si l'émotion de l'autre vous concerne vraiment. Mais
ce sera un si de personne libre, pas un si d'esclave émotif
qui ne vit que pour faire plaisir aux autres, en quete de leur affection.
Bien sur, c'est plus facile a dire qu'a faire.
Mais ça vient, avec un peu de pratique
―
a commencer par la pratique de la
vérité avec votre propre émotion. Jetez
peut-etre un oeil au theme
BLESSURE
D'ENFANCE, souvent associé a cette réalité.
Je crois comprendre que
lorsque nous sommes déçu de quelqu'un, choqué par son comportement ou son
attitude face a nous, le secret est de répondre par quelque chose d'un peu
plus amoureux que ce qui nous est offert.
Quand j'y réfléchis, je me rends compte que c'était déja une suggestion de
l'Evangile, que je cite de mémoire : Si quelqu'un te frappe sur une
joue, tends-lui l'autre. S'il t'oblige a faire une lieue, fais-en deux.
L'approche Oeil pour oeil, dent pour dent n'est pas a
mettre de côté parce qu'elle est moins morale, mais parce qu'elle est
moins efficace.
Le principe actif derriere tout ça ? Je pense que c'est le message que
ce qui fait vivre sera toujours plus fort que ce qui fait mourir. Pour
sortir de l'impasse, opposer a l'agression une réaction qui soit une
coche de plus vraie, une coche de
plus amoureuse ...
Pour y parvenir, je constate qu'il faut
certaines conditions. La premiere, c'est d'etre tres au clair avec notre
motivation : sentons-nous le besoin d'acheter l'affection de l'autre ? Ou
encore de prendre du pouvoir sur lui, de
sauver la face ? Souhaitons-nous obliger l'autre a changer sans que nous
ayons, nous, a le faire aussi ? ―
Ou souhaitons-nous vraiment voir l'autre
grandir ? Une autre condition, c'est la patience de voir arriver les
changements chez l'autre en leur temps, ce qui veut dire en son temps a
lui ou a elle. Et puis, cette attitude ne sera jamais facile : seule la
pratique et un contexte chaleureux la fera avancer... d'une coche de plus.
Je suis souvent frappé de voir a quel point
un reproche reçu peut nous débalancer quand nous le prenons personnel .
Un collegue de travail me fait une remarque désobligeante, et j'ai vite
fait de m'en servir pour me traiter moi-meme de pauvre type. Sur le coup,
je deviens une marmotte : je rentre dans mon trou, je m'ausculte, et je me
paralyse au point d'en devenir distrait devant le prochain geste a
poser... Si je ne réagit pas promptement a ce sentiment par l'humour ou en
l'envoyant promener ― au moins dans ma tete ―, ce malaise peut facilement
s'amplifier : décidément, je n'ai rien appris, je tombe toujours dans
les memes travers... Ça peut meme m'amener jusqu'a poser des gestes
qui portent plus a conséquence, comme vouloir changer d'emploi.
Ça m'a fait que du bien de lire un passage
de Deepak Chopra, dans Osons la paix
**, ou il
rappelle une vérité capitale : jamais personne ne pourra affecter qui nous
sommes en profondeur, notre identité premiere est magnifique et
inattaquable, quoi qu'il arrive.
Comment récupérer ça pour le tourner a notre
avantage dans un moment de confrontation avec quelqu'un, ou dans un
instant de reproches personnels, comme chacun de nous est si habile a
s'offrir ?
J'en arrive a me dire qu'il faut faire ceci
: apres avoir pris une bonne respiration pour ressentir l'émotion qui
s'est déclenchée, choisir de prendre ce qui nous est dit a un niveau
seulement fonctionnel : Ce qui est remis en question, ce n'est pas
moi, mais ma stratégie. Je ne deviens pas tout d'un coup un pauvre type
parce que j'ai pris le fossé. Peut-etre qu'effectivement si
je m'y prenais autrement, j'obtiendrais davantage les résultats
recherchés... Je le retiens pour une prochaine fois...
Quand on y pense, nos gaucheries sont-elles
si différentes des essais que fait un chercheur dans son laboratoire ? Il
tente une hypothese et explore pour savoir ce que ça va donner. S'il
fallait qu'il s'en veuille a chaque fois que son hypothese de recherche
n'est pas concluante, il n'y aurait plus grand monde pour oser faire ce
métier !
La recherche pour apprendre comment vivre
une vie est surement le plus beau métier du monde. Surtout si nous nous
exerçons a prendre une critique comme un cadeau déguisé, puisqu'a chaque
fois nous en apprenons un peu plus sur nous-meme et sur comment fonctionne
la vie.
Nous rappeler que notre moi profond est
splendide et indéracinable, et donc aucunement en danger, peut nous
redonner un peu plus vite de quoi retomber sur nos pieds apres un reproche
: un peu d'humour notamment, oser rire de nous-meme. Et la décision de
nous servir de l'événement pour enrichir notre trousse de chercheur...
Il m'est venu une autre réflexion a propos
des jugements des autres. Si plusieurs personnes nous renvoient le meme
genre de reproche, ou si notre milieu se fait de nous une image négative,
se pourrait-il que ce soit un signal pour nous dire tu n'es pas
toi-meme... et ça m'agace .
Regardez une personne bien dans sa peau, qui
se permet d'etre comme elle est : avez-vous remarqué qu'elle en devient
attachante, meme si pourtant elle est tres différente de nous ?
Le jugement des autres nous blesse, nous fait nous sentir tout croche.
Il arrive que nous nous dépechions a croire que le
message est de rentrer dans le rang , de
devenir comme tout le monde. Alors c'est le combat intérieur : sentiment
de culpabilité, rébellion, recherche gauche de nous faire accepter... : un
beau marécage ou nous nous paralysons pour un certain temps et en sortons
épuisé.
Mon idée derriere ça, c'est de nous pratiquer a casser ce réflexe, a
changer notre interprétation : les autres ne veulent pas m'obliger a
etre comme eux, ils souhaitent que je sois davantage comme je suis
vraiment... Voyez un peu si le fait de vous rapprocher de vous-meme pourrait arranger peu a peu les choses
: vous écouter pour entendre votre réaction naturelle dans une situation,
vous reconnecter plus souvent a vos désirs, a votre coeur d'enfant... En
somme, retrouver cette aisance ou vous redevenez un peu plus dansant, car
c'est ce qui attire les autres et fait de votre différence un plus dans
leur décor.
Les gens aiment a nous voir 'nature', a nous voir vivre par plaisir plutôt
que par crispation. Meme douloureuse, leur réaction cache ce cadeau.
VOIR :
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