La
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L'heure de la
RE - CREATION
vous présente des contes, souvent aussi inspirés du
vécu
Présentation
Avez-vous remarqué
qu'un lever de soleil n'est pas le meme si vous le voyez seul sur une plage, ou si
vous etes avec quelqu'un qui vous dit ce que ça lui fait ? De la meme façon, apprendre la vie n'a pas
la meme saveur, si c'est a partir d'idées qu'on nous a inculquées ou si c'est
trempé dans l'expérience de quelqu'un en chair et en os, qui souvent a du en
payer le prix. <
C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose importante
?
disait le Petit Prince. Au travers d'un vécu, ça devient vivant : ça peut
donc etre vrai. On dirait qu'il faut que ce soit vrai pour quelqu'un
avant de
pouvoir etre vrai tout court. Et, qui sait, peut-etre alors ce deviendra vrai pour
vous ou pour moi.
Apprendre... Christophe
Élie dans son hymne Oui! aujourd'hui
dans L'ALLUMEUR
DE RÉVERBERES, suggere que la croissance serait
un de nos trois besoins fondamentaux, aux côtés du bonheur et du service. Re-naître
sans cesse de ce qui nous arrive...
On entre ici sur un
terrain sacré. Priere de vous déchausser les idées...
Denis Breton
ABUSÉ ET DROGUÉ
J'ai déja été victime d'abus sexuel a l'âge de 5 ans, et tout ça m'a amené
dans la drogue pendant 23 ans. Aujourd'hui j'ai 43 ans et ça fait 7 ans que je
suis délivré de la drogue.
Parlez-en a quelqu'un si vous etes victime, moi j'ai attendu trop longtemps.
Anonyme, Mauricie, QUÉBEC (2007-11)
Devenir
sage
Celui qui
nous a fait cadeau de ce texte l'a écrit au travers de son expérience de
parent et sa recherche tenace de croissance. Aussi, au sortir d'une
lutte intense avec le cancer. Il l'a écrit pour une amie qui vivait aussi une
période difficile. Elle lui avait écrit qu'elle < en avait assez des belles paroles et
des beaux discours philosophiques. ?
Quand il commente ce
que nous allons lire, il écrit : < Le texte est sorti tout d'un
trait, les mots se bousculaient, mes doigts avaient de la difficulté a suivre
la cadence et c'est en le relisant pour le corriger que j'ai vraiment réalisé
ce que je venais d'écrire. Ce texte, c'est moi, c'est ma vie. ? Par
pudeur, il lui a donné la forme d'une fable.
< Un jeune homme, vers la trentaine,
s'amusait a regarder vieillir les gens, ou plutôt regardait de quoi
avaient l'air les gens d'un certain âge dans son environnement. Apres un
certain temps, une constante s'imposa a lui : soit les gens se dirigeaient
vers la sagesse et la sérénité, soit ils devenaient acariâtres et
irascibles.
Le jeune homme choisit qu'il deviendrait sage en
vieillissant et confia ce plan a la Vie, sans savoir tout ce que cette
décision représenterait pour le futur. Il vécut sans se soucier vraiment
de cette décision, jusqu'au jour ou la Vie se chargea de la lui rappeler.
Ne se souvenant pas de ce désir, il se demanda pendant plusieurs mois quel
sale tour la Vie était en train de lui jouer. Étant d'un caractere de
feu, il combattit les changements qui voulaient s'imposer a lui. Peine
perdue, la souffrance ne fut que plus intense et il mit beaucoup de temps a
comprendre le processus du lâcher-prise.
Puis un jour, il se rappela ce désir lancé vers la
trentaine et commença a comprendre que l'on ne devient pas sage parce
qu'on l'a décidé un jour. Petit a petit, il comprit qu'il lui faudrait
renoncer a certaines visions, a certaines façons de penser et d'agir qu'il traînait
depuis sa tendre enfance et auxquelles il tenait mordicus.
Un jour a la blague, il dit a un ami qu'il avait
décidé dans sa jeunesse de devenir sage en vieillissant, mais qu'il ne
savait pas qu'il y aurait autant d'examens a passer. Les examens se
suivent, certains se passent assez bien, mais d'autres sont pres de la note
de passage et a l'occasion il y a reprise. Ce chemin vers la sagesse a
été choisi en toute liberté et est assumé présentement en toute
liberté. Le vivre en toute conscience est un cadeau de la Vie. ?
L'Apprenti-Sage,
QUÉBEC (2002-03)
< Mon systeme immunitaire ne
me reconnaît plus.
?
< J'ai été affectée par une
sérieuse maladie qu'on appelle hépatite auto-immunitaire. Cela ne court
pas les rues. Mes petits soldats - mon systeme immunitaire -
décodaient que les cellules de mon foie étaient des ennemis, alors la guerre
fut déclarée.
Et moi j'y étais tres coincée, et je
dépérissais ! Les fortes doses de médicaments ont été des précieux alliés
dans cette bataille, malgré leurs effets tres pénibles. Mais je n'avais pas
acces a des anti-douleur, trop dangereux pour mon état. Il y eut meme un
temps ou les médecins ne savaient plus trop quoi faire pour moi. Je vivais un
véritable enfer, l'enfer noir. Il me restait la priere, et meme je n'avais
pas de force pour prier.
Je vis seule avec deux grands et beaux jeunes
adultes. Ils sont descendus en enfer avec moi : j'étais devenue leur bébé. Ma
fille me lavait, me changeait, remplie de tendresse. Mon garçon, a tous les
soirs durant un an, me massait afin de détendre mon corps devenu si fragile, si
souffrant.
Mon moral avait fait un tour dans le blender.
J'étais au point mort dans tous les domaines. Il y eut un temps
ou nous étions tellement déroutés, si convaincus de ne jamais sortir de cet
enfer, que de mettre fin a nos jours apparaissait une solution. Alors nous
vivions dans l'angoisse qu'un de nous trois passe a l'acte dans un moment de
folie, de désespoir.
Mais quelle arme précieuse a été la
priere, ne serait-ce que de dire < Protege-nous, viens a notre secours.?
Dieu a répondu par des etres exceptionnels, lumineux, qui n'ont pas compté
leur affection, leur temps ou leurs prieres. Je suis de moins en moins
dépendante, quelle joie ! mon orgueil en avait pris pour sa peine.
Tranquillement, je reprends des forces et je
finis par lâcher prise. Ouf, il était temps ! J'accepte les événements que
je ne peux changer. Je deviens de plus en plus souple, mes larmes se sechent et
le sourire réapparaît.
Un matin, j'ai eu la grâce de saisir que la
vie, c'est le plus beau cadeau du monde : etre vivante. Voir, sentir et
ressentir. Toucher, bouger, admirer, chanter. Partager, aimer et se laisser
aimer avec nos limites qu'on apprivoise. Que c'est beau des doigts qui dansent
et s'harmonisent a notre guise, un corps qui nous porte et nous supporte
malgré notre fragilité !.
J'ai assisté a ma nouvelle naissance non
sans peine. C'est trop évident que je ne suis plus la meme, depuis. J'ai aussi
été témoin de la renaissance de mes enfants.
Nous ne sommes pas a l'abri des tempetes
nouvelles, mais nous savons maintenant que nous avons des forces intérieures
incomparables, que la vie est plus forte que la mort et que l'amour est plus
fort que tout.
Que c'est beau la vie ! ?
Madeleine Bégin, Charny, QUÉBEC (2000-08)
Véronique
< Nous avons accueilli Véronique a l'âge de 7 ans
et avons vécu avec elle durant onze ans, jusqu'a sa mort. Elle avait un double
spina de naissance (hernies a la colonne), elle ne parlait pas, était sourde d'une oreille. Elle était
clouée a son fauteuil et ses petites jambes se recroquevillaient de plus en
plus, a mesure que les années passaient. Mais Véronique parlait avec ses yeux : un
regard qui vous rejoint droit au coeur, devant lequel vous ne pourriez pas
mentir.
Nous avons tout adapté pour qu'elle nous accompagne partout en
famille, par exemple en camping sauvage ou en France. Une de nos filles considérait comme un
rôle sacré, a table, de lui couper sa viande dans son assiette ou de lui
nettoyer les cheveux lorsqu'elle se les était copieusement couverts de spaghetti a la suite d'un spasme
incontrôlable.
J'aime a me rappeler lorsque les enfants jouaient a la 'tag'
dans le noir : c'était les courses folles autour du fauteuil de Véronique:
comme elle était ravie ! Tous ceux qui l'ont connue se souviendront, lorsqu'elle
voulait nous dire que nous nous étions trompés, de l'avoir vue
se taper la tete avec sa seule petite main habile, en prenant son regard coquin.
Ça voulait dire : " T'es un peu toc-toc dans ton genre."
Lorsqu'elle est décédée, trois cents personnes environ sont venues a son service.
Le moment était émouvant.
Véronique a donné du sens a notre vie
familiale autant qu'a notre vie personnelle. Elle a éveillé nos autres
enfants au partage: ils ont vécu au quotidien a quel point le souci des petits
donnait du sens a la vie. Au sortir de l'adolescence, nous les voyons
encore, d'eux-memes cette fois, se faire proche de personnes qui ont besoin,
comme s'ils avaient hérité d'un sixieme sens pour le faire.
Quand je
l'accompagnais le soir pour son coucher, il m'arrivait de devoir lui faire une
longue toilette vu son incontinence. L'énergie n'était pas toujours la : j'ai
appris a re-choisir le fait de l'avoir accueillie, ce qui m'aidait a ne pas
tomber dans le piege de me sacrifier, mais de m'offrir encore.
Je me
rappelle de cette heure du coucher de Véro comme d'un grand moment de vérité et
d'intimité entre nous deux. C'était par moments l'occasion de revoir avec elle
certains moments de la journée. Quand je lui avais promis d'aller me ballader
avec elle et que je ne l'avais pas fait, ou quand nous l'avions oubliée seule
dans une piece... devant son oreiller, je me plantais devant elle et je lui
demandais si elle voulait bien me pardonner. Et la, son visage s'illuminait, son
petit poing tout figé se décrispait comme pour me faire une caresse, elle qui
devait mettre une éternité a étirer son bras pour toucher mon visage, de l'autre
côté de ce grand garde de bois qui la protégeait de tomber. Et dans cet instant
le grand lavage du coeur était fait... Personne ne m'a autant appris que Véronique comme
ça fait du bien de se sentir
pardonné par quelqu'un.
J'ai
appris a croire que les personnes blessées nous aident a guérir nos propres
blessures. Appris, comme disait Mere Teresa, qu'elles sont < nos professeurs
d'amour ?. Et enfin, j'ai appris a trouver évident que Véronique ait eu une
mission dans la vie, et que ça pouvait etre vrai aussi pour moi.
Véronique, merci !. Et merci a tous ceux qui m'ont fait cadeau de toi dans ma
vie. ?
Denis Breton, Québec, QUÉBEC
(2000-01)
43 ans de
vie avec
des personnes qui ont un handicap intellectuel
Jean Vanier commente un livre qui réunira
sous peu ses lettres adressées aux communautés de l'Arche − un réseau d'accueil
aujourd'hui mondial, qu'il fondait en 1964. Il nous parle ici de la
vision qu'il a développée a propos des personnes qui ont une déficience
intellectuelle, a force de vivre avec elles toutes ces années :
< Dans notre monde ou les personnes avec un handicap intellectuel sont si
souvent considérées comme un probleme et une épreuve (et elles peuvent l'etre
pour certains parents),
ce livre
montre une vision qui se développe : comment Dieu les a choisies pour etre, dans
toutes nos églises, nos religions et nos différentes cultures, signe de
contradiction mais aussi signe de paix.
Si
dans notre monde et dans toutes nos sociétés, nous prenons
le temps d'etre avec elles et d'entrer dans une vraie relation avec elles, et
avec d'autres qui sont faibles et vulnérables comme les personnes âgées ou les
personnes malades mentales, elles transformeront nos c?urs fermés sur eux-memes,
durs et protecteurs en c?urs qui leur seront ouverts et aimants.
Elles
peuvent ainsi devenir pour nous de merveilleux professeurs : des professeurs qui
peuvent nous aider a comprendre le vrai sens de notre monde et de nos vies : non
pas une recherche égoiste de plus de richesses, plus de pouvoir, plus de
reconnaissance, plus de sécurité et plus de plaisir, mais un désir de faire de
nos sociétés un lieu meilleur, ou chaque personne, quelque soit sa culture, ses
dons ou ses limites, puisse grandir humainement, dans la paix et la liberté. Ou
la différence ne soit pas vue comme une menace mais comme un trésor. ?
Jean Vanier, Orval, FRANCE,
aout 2007.
Vaincre un cancer
Louise Ran Liang, journaliste renommée, a lutté plusieurs
années pour surmonter un cancer, déja tres avancé lorsqu'on l'a découvert.
Au bout d'un parcours, rassurée enfin qu'elle pourra vivre, elle est invitée
a raconter ce qu'elle en a tiré :
< Pendant toutes ces années ou j'ai combattu la maladie, c'est l'amour
de ma famille, de mes amis et de la vie qui m'a soutenue. J'ai alors découvert
que nous sommes sur cette terre pour apprendre le sens de l'amour. L'esprit de
la Bible repose sur l'amour; la compassion et l'empathie du bouddhisme aussi. Je
crois que l'amour transcende toutes choses, qu'il est comme un puissant fleuve
ou viennent se jeter des milliers de rivieres. ?
Extrait de A mon corps défendant, dans Sélection
du Reader's Digest, Montréal, QUÉBEC (juillet 2000).
J'ai pris ma
décision
Née de pere Chinois et de mere
belge, Han Suyin a vécu plusieurs déceptions qui l'ont mis plus d'une fois en
révolte : ainsi, l'exclusion du fait d'etre Eurasienne, le rejet par une mere
répressive, le sentiment d'inutilité de ses premieres années d'école, ou encore
l'écart entre la fascination qu'exerçait sur elle Jésus et la maniere de vivre
de ceux qui se disaient chrétiens. Sur tout cet arriere-plan, elle tire une conclusion saisissante
de sa sortie de l'adolescence :
< C'est a ce moment-la que j'ai eu un
sursaut en moi-meme. J'ai pris ma décision : serais médecin. Je trouverais ainsi
une voie pour l'avenir. Au lieu de me tourner vers le passé, d'etre craintive et
peureuse, de regarder a droite, a gauche pour voir si je n'offusquais personne,
j'ai décidé de foncer droit devant moi. Cette résolution ne m'a jamais quittée.
Foncer, mais avec réflexion. J'ai été toujours seule dans mes décisions, bonnes
ou mauvaises, j'ai appris qu'il y avait une chose a faire, s'utiliser soi-meme le
mieux possible, conquérir sa propre vie. ?
**
Je décide d'etre ma propre
mere
Tran a 16 ans. Immigrante réfugiée en Amérique, elle est bafouée par
sa parente qui l'a transplantée avec elle, semble-t-il, pour en tirer bénéfice.
Elle raconte son long combat intérieur pour survivre émotivement, alors qu'elle
est battue, séquestrée dans sa chambre pour un rien, obligée de faire les corvées
les plus pénibles tandis que les enfants de la famille passent leur temps devant la
télévision... Surtout, Y. ne manque pas une occasion de la traiter de minable
et cherche consciemment a ancrer dans sa tete qu'elle ne fera jamais rien de bon
ni ne saura
jamais attirer l'amour.
A la fin d'un moment de conflit d'une
rare intensité, Tran trouve l'aplomb de répondre a Y. :
―
Méfie-toi. Plus tu me dis que je suis une incapable, plus tu me donnes le
pouvoir de relever le défi de devenir quelqu'un. J'ai une force en moi que tu
ne soupçonnes meme pas. ?
Plus tard, Tran raconte un autre conflit survenu avec Y., puis elle commente
l'état d'esprit qui prend de plus en plus place en elle :
< Désormais, je décide
d'etre ma propre mere. Je ne me laisserai plus battre par Y. J'en prends la
ferme résolution. (...)
Y. a repris ses
tentatives pour m'amadouer. Mais elle ne réussira pas ! Je sens désormais en
moi une force de vie plus grande que sa méchanceté et sa haine. Je ne peux pas
encore nommer cette force, mais je suis sure qu'elle est plus grande que tout.
?
Tran Lam, Entre l'ombre et la
lumiere
**
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